Les conditions de travail des enseignants du privé se sont nettement dégradées, selon un baromètre IFOP réalisé pour la Fep‑CFDT et rendu public le 12 septembre 2025. La remontée des tensions rejoint celle observée dans le public : charge de travail accrue, pression sur les résultats et fatigue mentale dominent les réponses.
Un malaise confirmé par les chiffres
Le sondage, mené du 16 juin au 4 juillet auprès d’un échantillon de 701 enseignants représentatifs du primaire et du secondaire, dresse un constat sévère :
- 83% des enseignants du privé estiment que leur charge de travail a augmenté ;
- 60% ressentent une pression accrue liée aux résultats scolaires ;
- 73% disent manquer de temps pour corriger et préparer sans empiéter sur leur vie personnelle ;
- 59% n’arrivent pas à appliquer le droit à la déconnexion ;
- Près d’un enseignant sur deux estime que son travail a un impact négatif sur sa santé mentale.
Malgré ces signaux d’alerte, les résultats montrent un paradoxe : 79% se déclarent globalement satisfaits de leur situation professionnelle et 86% trouvent le métier source d’épanouissement personnel. Mais 25% envisagent une reconversion, alerte la Fep‑CFDT.
Causes et conséquences
Les motifs de mécontentement pointés par les répondants sont proches de ceux relevés dans l’enseignement public : salaires jugés insuffisants, manque de moyens pour accompagner les enfants en situation de handicap, et conditions matérielles détériorées. Pour la Fep‑CFDT, « ce paradoxe souligne l’urgence des mesures de soutien et de reconnaissance, faute de quoi la crise de recrutement et les intentions de reconversion continueront de s’aggraver ».
Le baromètre public de l’Unsa Éducation, cité pour comparaison, montre des tendances voisines dans le public : 91% des professionnels aiment leur métier, mais 77% ne le recommanderaient pas et plus de la moitié envisagent de changer de métier dans les années à venir. Parmi les raisons invoquées, 87,2% pointent des salaires trop bas et le manque de moyens.
Vers une alarme sociale et professionnelle
Les chiffres réunis par IFOP et Unsa posent une question centrale pour les écoles privées et publiques : comment retenir des personnels attachés à leur mission mais épuisés par les conditions d’exercice ? À court terme, les syndicats demandent des réponses sur les rémunérations, les postes de soutien aux élèves en situation de handicap et des mesures concrètes pour respecter le droit à la déconnexion.
Alors que la rentrée scolaire demeure un moment crucial pour les établissements, ces résultats constituent un signal d’alerte pour les autorités et les employeurs privés. Sans mesures visibles, la tension sur le recrutement et la rétention des enseignants pourrait s’amplifier, au détriment de la qualité d’accueil et d’enseignement dans les classes.
Sources : baromètre IFOP pour la Fep‑CFDT (16 juin‑4 juillet 2025) ; résultats comparatifs cités par un baromètre Unsa Éducation.