Washington (États-Unis) — Six anciens et actuels chercheurs de Meta ont accusé mardi le groupe, lors d’une audition au Sénat américain, d’avoir freiné ou bloqué des études pointant des risques pour les enfants sur ses plateformes de réalité virtuelle (VR).
Des chercheurs dénoncent une surveillance juridique
Les témoins ont expliqué que, dès 2021 et en réaction au risque d’une enquête parlementaire, Meta avait constitué des équipes juridiques chargées de surveiller, modifier voire interdire certaines recherches jugées sensibles. Selon eux, ces interventions visaient à limiter la diffusion d’éléments montrant que de très jeunes utilisateurs pouvaient accéder aux environnements VR du groupe.
Des documents internes révélés par le Washington Post et cités par les témoins indiqueraient que les règles imposées aux études déconseillaient l’emploi de termes tels que « illégal » ou d’affirmations catégoriques susceptibles d’exposer l’entreprise.
Accusations fortes sur la présence d’enfants
Cayce Savage, ancien chercheur chez Meta, a résumé l’accusation : «Meta sait que sa plateforme VR est pleine d’enfants sous la limite d’âge de 13 ans et ferme délibérément les yeux». D’autres lanceurs d’alerte ont évoqué des remontées internes dès 2017, estimant que dans certains espaces virtuels 80 à 90 % des utilisateurs étaient en deçà de l’âge requis.
Jason Sattizahn, autre chercheur entendu par les sénateurs, a affirmé qu’il était «très clair que Meta est incapable de changer sans y être forcé par le Congrès», accusant le groupe de privilégier la croissance des utilisateurs et le temps passé au détriment de la sécurité des mineurs.
Meta rejette les accusations
Meta, propriétaire de Facebook, Instagram et de la gamme de casques Quest, a fermement rejeté les allégations. Dani Lever, porte-parole du groupe, a déclaré que les accusations reposaient sur une «sélection biaisée d’exemples» et des «positions préconçues et fausses», rappelant que l’entreprise a mis en place des mesures destinées à protéger les mineurs.
Le dossier intervient alors que les géants des réseaux sociaux sont de plus en plus sommés par les parlementaires américains de rendre des comptes sur la protection des jeunes publics et les effets potentiellement nocifs de leurs produits.
Enjeux et conséquences
- Les témoignages pourraient nourrir de nouvelles initiatives législatives du Congrès visant à encadrer plus strictement les plateformes numériques.
- La question de l’âge réel des utilisateurs et des moyens techniques pour le vérifier revient au cœur du débat sur la responsabilité des plateformes.
- Pour Meta, déjà engagé dans le développement coûteux de la VR, ces remontées fragilisent son positionnement public et exposent l’entreprise à des pressions réglementaires accrues.
Les auditions se tiennent dans un contexte de méfiance croissante des autorités vis‑à‑vis des grandes entreprises technologiques quant à l’impact de leurs produits sur les mineurs. Les éléments apportés par les chercheurs vont désormais être examinés par les élus pour décider des suites à donner.
Sources : témoignages des chercheurs devant le Sénat américain, articles du Washington Post, réponses officielles de Meta.