La Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à annoncer, mercredi, sa première baisse des taux directeurs de 2025, alors que la Maison Blanche met la pression et que l’institution traverse une crise de gouvernance inédite.
Une décision très attendue
Les taux de la Fed, maintenus depuis décembre dans une fourchette comprise entre 4,25 % et 4,50 %, devraient être abaissés — probablement d’un quart de point — pour soutenir le marché de l’emploi et relancer la croissance. Les banques centrales et les marchés scrutent toutefois les modalités : baisse de 0,25 ou 0,50 point, unité du message des gouverneurs, et nouvelles prévisions pour l’inflation, la croissance et le chômage.
Pression politique et gouvernance bousculée
Depuis son retour à la Maison Blanche, le président Donald Trump exerce une pression constante pour obtenir des baisses de taux afin d’alléger le coût du crédit. Il a publiquement critiqué Jerome Powell, le président de la Fed, et s’est aussi attaqué à la gouverneure Lisa Cook, récemment au centre d’une affaire judiciaire.
Lisa Cook a obtenu une décision de justice lui permettant de rester provisoirement en poste et de participer au vote du comité de politique monétaire (FOMC). Donald Trump a fait appel de cette décision, et la controverse demeure.
Un membre pro-Trump bientôt à la Fed ?
La démission d’Adriana Kugler, nommée sous la présidence précédente, a ouvert la voie à la désignation de Stephen Miran, proche conseiller économique du président. Le Sénat à majorité républicaine doit encore confirmer sa nomination : un vote en séance plénière est prévu lundi, qui pourrait permettre à Miran de prêter serment et de siéger au FOMC dès mardi et mercredi.
La perspective d’un gouverneur étroitement lié à la Maison Blanche a suscité des réactions d’inquiétude chez les démocrates et des observateurs, qui y voient un risque pour l’indépendance de la banque centrale.
Conséquences économiques et risques
La Fed fait face à un dilemme classique mais dangereux : freiner l’inflation sans étouffer une économie déjà fragilisée. Plusieurs voix craignent l’émergence d’une stagflation — combinaison d’inflation persistante et de croissance faible — qui limiterait l’efficacité des outils monétaires.
- Questions en suspens : amplitude de la baisse, unité du conseil, et projections macroéconomiques.
- Risque : une baisse prématurée pourrait relancer l’inflation ; des hausses prolongées pourraient étouffer l’emploi.
- Facteur politique : la possible arrivée d’un proche du président à la Fed renforce l’incertitude sur l’indépendance de la politique monétaire.
L’importance de la conférence de presse
Pour les analystes, la manière dont Jerome Powell présentera la décision et répondra aux questions sera aussi cruciale que le vote lui-même. Les marchés, tout comme les entreprises et les ménages, attendent des indications claires sur la trajectoire future des taux et sur la capacité de la Fed à préserver son autonomie face aux pressions politiques.
En résumé : la Fed devrait amorcer une détente monétaire cette semaine, mais l’issue et l’impact de cette décision demeurent incertains dans un contexte politique houleux et une économie américaine fragilisée.