Poitiers — Le parquet de Poitiers a annoncé l’ouverture d’une enquête pour assassinat après la mort d’une jeune femme découverte lundi dans une zone résidentielle proche du centre-ville. La victime, née en 1999, présentait plusieurs plaies par arme blanche. Les secours appelés par une habitante du quartier n’ont pas pu la sauver.
Un suspect déjà signalé aux forces de l’ordre
Selon la procureure de la République à Poitiers, Rachel Bray, l’homme recherché est né en 1989, de nationalité afghane et bénéficiaire du statut de réfugié. Il a été interpellé par les forces de police deux jours avant les faits mais n’a pas été placé en garde à vue, d’après le parquet. Il était toujours en fuite au moment des communiqués officiels.
Des alertes et des plaintes répétées
La victime avait saisi à plusieurs reprises les services de police de la Vienne. Elle avait déposé une plainte le 10 juillet pour harcèlement par conjoint ou concubin, violences volontaires par conjoint ou concubin et infraction sexuelle. Elle bénéficiait depuis le 23 juillet d’un téléphone « grave danger », dispositif destiné à alerter rapidement les forces de l’ordre en cas d’urgence.
- Plainte initiale : 10 juillet (harcèlement, violences, infraction sexuelle).
- Compléments de plainte enregistrés les 17 juillet, 13 août, 19 août et 28 août.
- Téléphone grave danger attribué le 23 juillet.
Ces éléments montrent que la police avait été alertée à plusieurs reprises des comportements inquiétants de l’ex-conjoint. Les circonstances précises de l’interpellation survenue deux jours avant le drame restent à préciser dans le cadre de l’enquête.
Enquête et investigations
L’autopsie a confirmé que la victime est décédée des suites de multiples plaies infligées par une arme tranchante. La direction départementale a confié l’enquête à la Direction de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS 86) pour retrouver l’homme en fuite et établir les circonstances exactes du meurtre.
Parallèlement, les services de l’inspection générale de la police nationale (IGPN) ont été saisis d’une enquête administrative afin d’examiner le déroulé des interventions précédentes et la prise en charge des signalements.
Contexte national
Le dossier s’inscrit dans un contexte national préoccupant. Selon le bilan du ministère de l’Intérieur publié fin novembre 2024, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en 2023, un chiffre qui représentait alors une baisse de 19 % par rapport à 2022.
Les autorités locales ont appelé toute personne disposant d’informations à se manifester auprès des services de police. La priorité des enquêteurs reste d’identifier et d’interpeller le suspect, de reconstituer les derniers jours du dossier et d’éclaircir les raisons pour lesquelles une interpellation récente n’a pas abouti à un placement en garde à vue.
Pour respecter la procédure et la présomption d’innocence, les autorités n’ont pas communiqué d’autres éléments sur l’identité du suspect ni sur d’éventuels motifs. Les investigations se poursuivent.