Gaz à effet de serre : légère baisse des 50 sites en France

Les 50 plus gros sites industriels français ont réduit leurs émissions de gaz à effet de serre de 1,4 % en 2024, mais cette amélioration reste conditionnée à un recul de la production plutôt qu’à une décarbonation structurelle, selon un rapport publié par des ONG environnementales.

Baisse limitée après un recul important

Le Réseau Action Climat (RAC) et France Nature Environnement observent dans leur rapport que, après une « baisse marquée » de 10,2 % entre 2022 et 2023, les émissions totales des cinquante sites industriels les plus émetteurs n’ont diminué que de 1,4 % en 2024. Ces cinquante sites représentent environ 10 % des émissions nationales et près de 17 % des émissions liées au secteur industriel.

Une réduction liée à la chute de la production

Les ONG soulignent que la baisse constatée tient principalement à un recul de l’activité industrielle sur ces sites — notamment dans des secteurs fortement émetteurs comme l’acier, la chimie ou le ciment — plutôt qu’à des transformations profondes des procédés industriels. Aurélie Brunstein, spécialiste de l’industrie lourde au sein du RAC France, alerte sur la fragilité de ces gains : si la production repart, rien ne garantit que les émissions resteront basses.

  • Variation 2022-2023 : -10,2 %
  • Variation 2024 : -1,4 %
  • Part du secteur industriel : ~17 % des émissions nationales
  • Poids économique : l’industrie représente environ 11 % de l’économie française

Les grands émetteurs et la responsabilité d’ArcelorMittal

Le rapport met en avant la responsabilité du secteur sidérurgique, et en particulier d’ArcelorMittal, détenteur des deux sites les plus émetteurs en France, à Dunkerque et Fos-sur-Mer. Le groupe a mis en pause certains projets de décarbonation, invoquant la nécessité de mesures de protection pour l’acier européen face à la concurrence internationale, notamment chinoise.

Parmi les cinquante sites les plus polluants figurent des cimenteries, aciéries, usines d’engrais et raffineries. Deux de ces cinquante sites sont situés en Nouvelle-Aquitaine : les cimenteries Calcia à Bussac-Forêt (Charente-Maritime) et à Airvault (Deux-Sèvres).

Des efforts jugés insuffisants par les ONG

Le Réseau Action Climat et France Nature Environnement estiment que les efforts engagés pour une décarbonation durable restent « trop partiels ». Elles pointent notamment l’absence de visibilité budgétaire qui freine l’investissement : les industriels, pour lancer des projets lourds de transformation, exigent des garanties sur le soutien public et une meilleure planification.

Les ONG appellent les pouvoirs publics à inscrire la décarbonation industrielle dans une planification industrielle cohérente et à la traduire dans une loi de programmation des finances vertes, afin de rassurer les investisseurs et favoriser des transformations structurelles.

Concentrations géographiques

La majorité des sites fortement émetteurs se situe dans quelques bassins industriels : Dunkerque dans le Nord, Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône, le Havre-Rouen en Seine-Maritime et des zones du Grand Est. Le rapport souligne ainsi l’enjeu territorial : ces bassins concentrent à la fois emplois industriels et risques climatiques liés aux émissions.

En conclusion, le rapport des ONG montre une amélioration limitée des émissions des grands sites industriels français en 2024, mais signale que sans investissements publics clairs et transformations structurelles, la baisse observée reste vulnérable au redémarrage de la production.

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