Le quotidien Nice‑Matin n’a pas paru lundi, jour de son 80e anniversaire, après une grève des salariés de l’impression qui ont bloqué la production. Les employés expriment une forte inquiétude quant à l’avenir du groupe, détenu depuis 2019 par Xavier Niel.
La grève et ses motifs
La Chambre Syndicale Typographique Niçoise‑CGT a déployé une banderole au sommet du bâtiment du groupe proclamant «1945‑2025 Mort de Nice‑Matin» et dénonçant une dégradation continue : «Depuis l’arrivée de Xavier Niel, tout s’effondre, le journal se vide de son essence, avec pour seul objectif la baisse des coûts», indique le syndicat.
Les salariés s’opposent notamment au projet de délocalisation partielle de l’impression et au plan envisagé d’un centre d’impression commun avec La Provence à Vitrolles (Bouches‑du‑Rhône). Ils redoutent que ces choix accélèrent la perte d’autonomie industrielle et la réduction des emplois locaux.
Conséquences et réactions
La non‑parution touche à la fois l’édition papier et la mise en ligne numérique du journal lundi, privant les lecteurs d’une livraison attendue pour l’anniversaire. La direction générale a réagi par un communiqué : «La direction du groupe Nice‑Matin prend acte de cette non‑parution et la regrette». Simon Perrot, directeur général, a ajouté que le dialogue avec les représentants syndicaux se poursuit «dans un esprit constructif et responsable» et a refusé pour l’instant d’autres commentaires.
Plus tôt dans l’année, en mars, les journaux du groupe avaient déjà été absents des kiosques à deux reprises : d’abord pour une grève contre le projet de délocalisation de l’impression, puis pour un mouvement de la rédaction, qui compte environ 160 journalistes, protestant contre la succession de plans de départ et la détérioration des conditions de travail.
Contexte économique
La direction affirme chercher un équilibre entre économies nécessaires et maintien de la qualité éditoriale. Simon Perrot avait indiqué que Nice‑Matin «perd de l’argent» et que des ajustements sont exigés pour assurer la pérennité du titre. Les syndicats estiment au contraire que les mesures proposées menacent l’identité et la capacité d’information locale du groupe.
Enjeux locaux
Ce conflit illustre les tensions fréquentes dans la presse régionale entre impératifs financiers et mission d’information locale. À Nice et dans la région, la non‑parution d’un quotidien historique suscite des réactions vives : salariés inquiets pour l’emploi et l’indépendance éditoriale, lecteurs privés d’une source d’information locale, et direction confrontée à la nécessité de réduire les pertes.
Pour l’heure, la publication du journal reste suspendue pour la journée anniversaire, et le mouvement met en lumière la fragilité des moyens de production de la presse imprimée face à des projets de centralisation et à la pression sur les coûts.