Grève de la carte bancaire le 10 septembre : banques en sursis ?

Alors que le mouvement du 10 septembre se prépare, des appels sur les réseaux sociaux invitent à une «grève de la carte bancaire » : payer exclusivement en liquide pendant un mois pour « reprendre le contrôle de notre argent ». Le hashtag #10SeptembreSansCB a circulé ces derniers jours, avec l’affirmation que jusqu’à 15 milliards d’euros pourraient être détournés du système bancaire si une large partie des Français participait.

Ce que proposent les initiateurs

Les partisans de l’action estiment qu’une mobilisation de l’ordre de 10 millions de Français utilisant uniquement des espèces pendant un mois ferait chuter significativement le volume de transactions par carte. Parmi les objectifs affichés : pénaliser les banques en réduisant les commissions perçues sur les paiements électroniques.

Les chiffres clés

  • En 2023, les Français ont dépensé environ 824 milliards d’euros par carte bancaire, soit près de 68 milliards par mois (Observatoire de la sécurité des moyens de paiement, Banque de France).
  • Selon une estimation reprise par la presse, une mobilisation de 10 millions de personnes pourrait faire baisser les transactions d’environ 12,3 milliards d’euros.
  • En moyenne, les commissions liées aux paiements par carte (interchange + frais de réseau) représentent environ 0,5 % d’une transaction.

Quelle perte réelle pour les banques ?

Sur la base des chiffres disponibles, l’impact direct sur les revenus de commissions serait, selon les calculs, bien inférieur aux montants évoqués en ligne. Si l’on applique un taux moyen de 0,5 % aux 12,3 milliards de transactions potentiellement perdues, la perte estimée pour les banques se situe autour de 60 millions d’euros, et non des milliards parfois avancés sur les réseaux.

Autrement dit, la différence tient à la confusion entre le volume total des paiements déplacés et la part réellement perçue par les établissements sous forme de commissions. Les montants cités par certains internautes (jusqu’à 6 milliards ou 15 milliards) correspondent à des ordres de grandeur différents et ne reflètent pas forcément le manque à gagner net pour les banques lorsqu’on prend en compte les marges effectives sur chaque transaction.

Contexte : le poids de la carte

La carte bancaire est devenue le principal mode de paiement en France, dépassant pour la première fois l’usage des espèces dans les commerces de proximité selon la Banque de France en 2024. Cela explique pourquoi l’appel à un boycott ciblant la carte suscite de l’intérêt et des débats : toucher au flux des paiements électroniques vise directement une source de revenus opérationnels pour les établissements financiers.

Reste que, au-delà des calculs de commissions, la faisabilité d’une grève de la carte à large échelle soulève des questions pratiques (comportement des consommateurs, acceptation des commerçants, paiements automatisés), sans oublier les effets indirects difficiles à prévoir.

En bref, un boycott massif de la carte bancaire pourrait perturber certains flux économiques et créer un signal politique fort, mais son impact financier direct sur les banques, au regard des commissions moyennes actuelles, apparaît limité en comparaison des montants annoncés sur les réseaux sociaux.

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