Paris, 15 septembre 2025. Une passe d’armes verbale oppose depuis quelques jours le groupe public Radio France et les médias du groupe Bolloré (CNews, Europe 1, JDD). À l’origine du conflit : la polémique autour d’une vidéo et des accusations croisées de partialité politique.
Les déclencheurs
Le ton est monté après la diffusion début septembre d’une séquence par le média L’Incorrect montrant des échanges entre des journalistes et des responsables politiques. La vidéo a conduit à des accusations de connivence visant notamment Thomas Legrand, chroniqueur sur France Inter, qui a ensuite renoncé à son émission dominicale tout en restant présent à l’antenne.
Accusations réciproques
Du côté de Radio France, Vincent Meslet, directeur éditorial de France Inter, a dénoncé « un oligopole hostile » et des « médias militants » qui profitent de l’affaire pour construire « un récit » visant à discréditer l’audiovisuel public. Céline Pigalle, patronne de l’information, a estimé que certaines chaînes consacraient jusqu’à 80% de leur temps d’antenne au sujet pour l’instrumentaliser.
En riposte, les animateurs et éditorialistes des chaînes liées à Vincent Bolloré ont qualifié ces critiques d’attaque contre « la presse libre » et ont accusé les responsables publics d’être des « apparatchiks » de la pensée dominante. Pascal Praud, sur CNews, a parlé d’une « offensive tous azimuts » et d’un déni de la réalité par l’audiovisuel public.
Contexte institutionnel
La polémique survient alors que le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom, prévoit d’auditionner les dirigeantes des groupes publics, Delphine Ernotte Cunci (France Télévisions) et Sibyle Veil (Radio France). Les accusations traversent le spectre politique : des responsables de droite comme du RN contestent l’impartialité des médias publics, tandis que des élus de gauche dénoncent l’influence supposée d’opérateurs privés favorisant des discours d’extrême droite.
Enjeux et conséquences
Au cœur du débat : la définition du pluralisme et la frontière entre information et opinion. Les protagonistes s’accusent mutuellement de politiser le métier de journaliste. Pour Radio France, la crainte est d’une déstabilisation par des acteurs qui structurent un récit contre le service public. Pour les médias du groupe Bolloré, l’attaque est présentée comme une mise en cause de la liberté éditoriale.
- Vidéo L’Incorrect : déclencheur de la polémique.
- Réplique de Radio France : accusations d’« oligopole hostile ».
- Réponse des médias Bolloré : dénonciation d’« apparatchiks » et défense de la liberté de la presse.
- Arcom : auditions annoncées des dirigeantes des groupes publics.
La confrontation médiatique ne se limite plus aux plateaux : elle interroge le rôle de l’État, la régulation des médias et la santé du débat public en France. Les prochaines semaines, marquées par les auditions et la couverture des protagonistes, permettront de mesurer si l’affrontement restera rhétorique ou s’il débouchera sur des actions réglementaires ou judiciaires.