Los Angeles expérimente une installation houlomotrice au port d’AltaSea, à San Pedro : des flotteurs métalliques fixés au quai transforment le mouvement des vagues en électricité. Le projet pilote, porté par la start-up israélienne Eco Wave Power, pourrait, en cas de déploiement à grande échelle, alimenter « environ 60 000 foyers » selon sa cofondatrice Inna Braverman.
Comment ça marche
Des flotteurs bleus, solidaires de pistons hydrauliques, montent et descendent au rythme des vagues. Ils poussent un fluide biodégradable vers des accumulateurs : la détente de ces bouteilles compresse un fluide qui active ensuite une turbine produisant du courant. Le système est fixe, installé près du rivage sur des structures existantes, ce qui facilite l’accès pour la maintenance et réduit les risques liés aux équipements en haute mer.
Un modèle « près du rivage »
Inna Braverman défend ce choix : selon elle, la plupart des concurrents ont placé leurs appareils au large, dans des conditions coûteuses et fragiles, ce qui a entraîné de nombreux échecs. Avec un dispositif rétractable fixé à quai, les flotteurs peuvent être remontés en cas de tempête pour éviter les dommages, explique-t-elle.
Potentiel et limites
- Le ministère américain de l’Énergie estime que la houle de la côte Ouest pourrait, en théorie, alimenter 130 millions de foyers et couvrir 34 % de la production électrique des États-Unis.
- Pourtant, l’énergie houlomotrice reste peu commercialisée : robustesse face aux vagues, coût des câbles sous-marins et maintenance sont des freins récurrents.
Krish Thiagarajan Sharman, professeur de génie mécanique à l’université du Massachusetts, note que « le talon d’Achille de l’énergie houlomotrice, ce sont les coûts de maintenance ». Il juge pertinent le choix d’un système proche du rivage, où les inspections sont plus faciles, mais considère pour l’instant la filière comme adaptée à des usages ciblés — par exemple l’alimentation d’îles isolées.
Ambitions commerciales
Eco Wave Power ambitionne d’étendre son modèle : l’entreprise a identifié 77 sites exploitables aux États-Unis et compte d’autres marchés. Des installations existent déjà à Jaffa (Israël), où une centaine de foyers sont alimentés, et un déploiement à Porto (Portugal) devrait couvrir 1 000 foyers en 2026. D’autres projets sont envisagés à Taïwan et en Inde.
Braverman vise des projets de 20 mégawatts, seuil à partir duquel le prix de l’électricité deviendrait compétitif face à l’éolien. Les promoteurs affirment aussi que l’implantation sur des structures humaines déjà présentes limiterait l’impact sur la faune marine.
Calendrier et contexte californien
Finaliser le projet de Los Angeles nécessitera plusieurs années : AltaSea estime un horizon d’environ sept ans pour obtenir autorisations et passer aux phases supérieures. Le projet arrive dans un contexte où la Californie cherche des solutions pour réduire les émissions et répondre à la montée des besoins électriques, notamment liés à l’essor de l’intelligence artificielle.
Si les promesses techniques et économiques se confirment, l’énergie de la houle pourrait devenir un complément utile aux autres renouvelables. Reste à vérifier sur la durée la robustesse des installations et la viabilité financière des déploiements à grande échelle.