Les principaux studios américains ont engagé une action judiciaire contre la start-up chinoise MiniMax, l’accusant d’utiliser l’intelligence artificielle pour reproduire illégalement des personnages protégés par le droit d’auteur.
Plainte déposée devant le tribunal fédéral de Los Angeles
Disney, Warner Bros. Discovery et Universal Pictures ont déposé une assignation de 119 pages devant un tribunal fédéral de Los Angeles, affirmant que MiniMax exploite Hailuo AI, un modèle de génération d’images et de vidéos, en le nourrissant de copies de films protégés pour créer et vendre des vidéos mettant en scène des personnages emblématiques comme des figures de franchises à succès.
Dans leur plainte, les studios décrivent cette pratique comme un « modèle économique de contrebande » : selon eux, il suffit qu’un utilisateur saisisse une phrase du type « Dark Vador se promenant sur l’Étoile de la Mort » ou « Spider-Man se balançant entre des immeubles » pour obtenir des vidéos de haute qualité représentant ces personnages protégés.
Des poursuites inédites contre une société chinoise
Il s’agit, selon la plainte, de la première fois que des majors du cinéma américains ciblent une entreprise d’IA chinoise pour violation massive du droit d’auteur. Les studios réclament des dommages-intérêts pour perte de revenus, la restitution des bénéfices perçus par MiniMax et demandent une injonction permanente interdisant l’utilisation non autorisée de leurs œuvres. Ils évoquent également la possibilité de sanctions légales allant jusqu’à 150 000 dollars par œuvre en cas de violation avérée.
Avant de saisir la justice, les studios affirment avoir envoyé une mise en demeure détaillée à MiniMax pour exiger l’arrêt des infractions. D’après la plainte, MiniMax n’a pas répondu de manière appropriée et aurait poursuivi ses activités.
Contexte économique et technique
MiniMax est présentée comme une start-up prometteuse, valorisée à environ 4 milliards de dollars en 2025 après une levée de fonds de 850 millions de dollars. Les studios estiment que la société aurait pu mettre en place des garde-fous pour éviter l’utilisation non autorisée d’œuvres protégées, à l’instar d’autres services d’IA, mais l’aurait délibérément choisie de ne pas le faire.
Ce recours judiciaire intervient après d’autres actions similaires intentées récemment contre des services d’IA (la plainte cite notamment des procédures visant des acteurs américains du secteur), et souligne les tensions croissantes entre l’industrie du divertissement et les développeurs d’outils génératifs.
Réponse de MiniMax
Au moment de la publication, MiniMax n’avait pas répondu aux demandes de commentaires transmises par l’AFP, indique le dossier. La suite de la procédure dépendra désormais des éléments produits devant la cour fédérale de Los Angeles et des arguments juridiques sur l’application du droit d’auteur face aux technologies génératives.
Ce dossier pose des questions centrales sur la protection des contenus culturels à l’ère de l’IA et sur la responsabilité des plateformes et fournisseurs d’outils d’apprentissage automatique dans la prévention des usages illicites.