Ingérence russe sur TikTok en République tchèque à l’approche des élections

Prague — À quelques jours du scrutin législatif (3-4 octobre), la République tchèque se retrouve au cœur d’une campagne d’ingérence numérique attribuée à des comptes d’origine russe. Les autorités et des analystes tchèques mettent en garde contre une amplification artificielle massive visant à influencer l’opinion, notamment parmi les jeunes électeurs.

Des centaines de comptes identifiés

Le groupe d’analystes Online Risk Labs a repéré 286 comptes TikTok dits « automatisés » qui se relaient mutuellement et publient des contenus prorusses et antisystème. Selon les estimations citées par la presse locale, ces comptes génèrent entre 5 et 9 millions de vues par semaine, une portée supérieure à celle des dirigeants des principaux partis politiques du pays.

Objectif : soutenir les partis favorable au retrait de l’OTAN et de l’UE

Les contenus diffusés favorisent plusieurs formations radicales et populistes. Sont notamment cités :

  • le SPD (extrême droite), crédité d’environ 13 % dans la plupart des sondages ;
  • la coalition Stacilo! (extrême gauche), proche du seuil d’entrée au Parlement ;
  • le parti PRO (mouvement populiste de droite).

Ces mouvements prônent pour certains une sortie de la République tchèque de l’OTAN et de l’Union européenne, un message clair relayé par les comptes identifiés.

Techniques d’influence et public visé

Les vidéos analysées montrent l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle pour créer des montages et du contenu automatisé. Les enchaînements linguistiques maladroits (vidéos en russe, vietnamien, allemand ou roumain) et l’absence de signes diacritiques dans les noms tchèques trahissent parfois l’artificialité des comptes, mais n’empêchent pas leur viralité.

La popularité de TikTok chez les 18-24 ans est un facteur aggravant : plus de 2 millions de jeunes utilisent l’application en République tchèque, une audience clé pour les influenceurs et opérations de manipulation.

Réaction des autorités

L’autorité tchèque de régulation des télécommunications (CTU) a reçu plusieurs plaintes et a transmis ses conclusions à la Commission européenne, qui supervise les grandes plateformes. Des responsables et experts locaux évoquent des opérations similaires déjà recensées en Roumanie et en Allemagne.

Pavel Havlíček, analyste à l’Association pour les affaires internationales, a qualifié ces campagnes d’« amplification artificielle massive » soutenue, selon lui, par des services russes de renseignement.

Enjeu national

Pour le premier ministre Petr Fiala, ces élections détermineront l’orientation future du pays : « rester fermement ancré à l’Ouest » ou s’éloigner vers l’Est, a-t-il déclaré lors d’un rassemblement. Dans les derniers sondages, le parti populiste ANO, dirigé par Andrej Babiš, devance la coalition gouvernementale et pourrait, si nécessaire, s’appuyer sur le SPD et Stacilo! pour former une majorité — un scénario qui inquiète quant aux alliances européennes potentielles.

À moins d’une semaine du vote, la question de l’ingérence numérique place la transparence des plateformes et la résilience démocratique au centre du débat public tchèque.

Tags

Partagez cette article :

Recevez gratuitement tous les matins à 7H votre journal par email ! Désabonnez-vous quand vous le souhaitez.

Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore