Le Parlement européen et le Conseil finaliseront d’ici juin l’interdiction de la vente des voitures à moteur thermique à compter de 2035. Mais 17 grands opérateurs de recharge, regroupés au sein d’une coalition paneuropéenne, tirent la sonnette d’alarme : sans garanties fortes, ils craignent un revirement et une incapacité à déployer les infrastructures nécessaires.
Un parc de bornes loin du compte
À ce jour, l’Europe compte un peu plus de 1 000 000 points de charge publics pour véhicules électriques. Selon les projections, il en faudrait près de 3 400 000 dès 2030 pour accompagner la transition. Face à ce constat, les opérateurs appellent les institutions européennes à définir un cadre contraignant et harmonisé.
Quatre priorités pour éviter la fragmentation
Dans une lettre ouverte, les professionnels insistent sur quatre axes majeurs :
- Unification technique : normes de prise et standardisation des protocoles de communication.
- Harmonisation tarifaire : mise en place d’un système de roaming pour garantir la portabilité des cartes et applications.
- Accès aux données : ouverture des interfaces de programmation (API) pour optimiser la gestion des réseaux.
- Plan d’investissement : engagements financiers clairs de la part des États membres et du secteur privé.
Des risques pour la France et la Nouvelle-Aquitaine
En France, les derniers chiffres disponibles faisaient état d’environ 100 000 points de charge publics, un volume jugé encore insuffisant par les professionnels. En Nouvelle-Aquitaine, les collectivités multiplient les inaugurations de bornes, mais les usagers regrettent souvent leur mauvais état ou leur indisponibilité. Sans un cadre européen robuste, le risque est celui d’un éclatement des réseaux, avec des équipements incompatibles d’un pays à l’autre.
Un calendrier sous haute tension
Les décideurs européens doivent se prononcer avant la fin du semestre sur le « Fit for 55 », le paquet climat visant une réduction de 55 % des émissions d’ici 2030. Les opérateurs redoutent un arbitrage trop laxiste sous la pression des États réticents, ce qui reporterait l’échéance et fragiliserait les investissements.
Vers une filière structurée ou un marché éclaté ?
Les acteurs de la recharge appellent à la création d’une entité de gouvernance capable de veiller au respect des règles sur tout le territoire européen. Sans cette structure, le scénario redouté est celui d’une mosaïque de petits réseaux régionaux, chacun fonctionnant selon ses propres normes.
Enjeu clé : garantir la confiance des consommateurs pour franchir le pas vers l’électrique, tout en assurant la rentabilité des opérateurs et la cohérence du maillage européen.