L’ancien directeur du FBI James Comey, limogé par Donald Trump en 2017, a été mis en examen pour entrave à la justice et fausses déclarations, a rapporté la presse américaine. Âgé de 64 ans, Comey est accusé d’avoir prêté un témoignage mensonger devant le Sénat en septembre 2020. Il encourt jusqu’à cinq ans de prison si les charges sont retenues.
Un parcours façonné par un traumatisme
Né en 1960 à New York et élevé dans le New Jersey, James Comey a raconté plus tard un épisode traumatique de son adolescence : à 15 ans, lui et son frère ont été pris en otage par un criminel connu, événement qu’il dit avoir porté durablement. Après des études de droit à l’université de Chicago, il entame une carrière juridique qui le mène rapidement vers des postes fédéraux importants.
Ascension dans la magistrature et carrière publique
Assistant de juges fédéraux à New York puis en Virginie, Comey se fait connaître au milieu des années 1990 en participant à des enquêtes à portée politique, notamment les dossiers Whitewater et l’examen de la grâce accordée à Marc Rich. Nommé adjoint du ministre de la Justice sous George W. Bush, il refuse en 2004 de cautionner un programme de surveillance qu’il juge illégal, position qui lui vaut une image d’indépendance.
À la tête du FBI : nomination bipartisane et controverse
Après un passage dans le privé — Lockheed Martin puis HSBC — James Comey est nommé directeur du FBI par Barack Obama en 2013. Sa confirmation par le Sénat est quasi unanime. Mais sa gestion de l’affaire des courriels d’Hillary Clinton en 2016 le place au centre d’une polémique majeure : en juillet il recommande de ne pas poursuivre la candidate démocrate tout en la qualifiant d’« extrêmement négligente », puis annonce, onze jours avant l’élection, la réouverture de l’enquête dans une lettre au Congrès. Un rapport officiel de 2018 jugera son impartialité non remise en cause mais critiquera sa méthode, évoquant « une grave erreur de jugement ».
Conflit ouvert avec Donald Trump
En mai 2017, Donald Trump le limoge alors que le FBI enquêtait sur des soupçons d’ingérences russes dans la campagne présidentielle. Les relations entre les deux hommes dégénèrent : Trump multiplie les attaques publiques contre Comey, qui en retour le décrit de façon très critique dans ses mémoires Mensonges et vérités. La querelle personnelle et politique entre l’ancien directeur du FBI et le président s’est installée comme l’un des feuilletons politiques les plus suivis de ces dernières années aux États-Unis.
Les faits reprochés et le contexte politique
Selon les autorités, l’inculpation vise un témoignage devant le Sénat en septembre 2020, où Comey aurait fait des déclarations mensongères. L’annonce de l’inculpation survient quelques jours après des appels publics du président Trump à la ministre de la Justice pour qu’elle poursuive certains de ses adversaires politiques. Sur son réseau Truth Social, le président a qualifié Comey d’« un des pires êtres humains que ce pays ait connu » et s’est réjoui de l’action de la justice.
Réactions et suite judiciaire
James Comey clame son innocence et dénonce des poursuites qu’il juge politiques. Le dossier appartient désormais au système judiciaire qu’il a dirigé pendant des années. Si les poursuites aboutissent, l’affaire pourrait relancer les débats sur l’indépendance des institutions, l’usage politique des poursuites et le long contentieux entre Trump et plusieurs responsables des services de renseignement et de la justice.
Cette nouvelle étape judiciaire intervient dans un climat politique déjà tendu aux États-Unis, où les divisions sur la place des institutions et le rôle des élites judiciaires restent vives. Les développements à venir, auditions et éventuelles preuves produites par l’accusation, seront déterminants pour la suite du dossier.
