Khartoum, la capitale soudanaise, a entamé une reconstruction lente après plus de deux ans de combats qui ont laissé des quartiers éventrés, des infrastructures annihilées et des milliers d’habitants contraints à l’exode.
Déblaiement et réparations au quotidien
Dans la banlieue de Lamab, au sud-ouest de la ville, ouvriers et volontaires dégagent gravats, voitures calcinées et arbres arrachés. Des équipes s’affairent à remettre en service des lignes électriques et des conduites d’eau, et à réhabiliter des hôpitaux et des écoles. « Nous travaillons pour réparer les infrastructures », rapporte Mostafa Awad, sur un chantier où résonnent marteaux et pelles.
Des besoins colossaux
La guerre civile déclenchée en avril 2023 a poussé près de la moitié des quelque 9 millions d’habitants de Khartoum à fuir la ville. Des pillages massifs et des démolitions systématiques ont aggravé les dégâts : câbles en cuivre arrachés, transformateurs vidés d’huile, matériel médical volé. Mohamed el-Béchir, responsable du département de l’électricité, décrit des « dégâts immenses » et des centrales électriques partiellement détruites.
- Coût estimé : l’ONU évalue à environ 350 millions de dollars le coût de la réhabilitation des infrastructures de base.
- Horizon : une reconstruction complète prendra des années et coûtera plusieurs milliards de dollars, selon Luca Renda, coordinateur résident de l’ONU.
- Retours : l’ONU prévoit jusqu’à 2 millions de retours à Khartoum d’ici fin 2025; des dizaines de milliers seraient déjà revenus.
Munitions et risques sanitaires
Les autorités font face à la menace des munitions non explosées laissées par les belligérants, et l’ONU a également signalé la découverte de mines en zone urbaine. Ces dangers entravent le déblaiement et la remise en service des quartiers. Par ailleurs, la coupure d’eau et d’électricité a favorisé la propagation d’une épidémie de choléra, avec jusqu’à 1 500 nouveaux cas par jour signalés en juin par les autorités sanitaires relayées par l’ONU.
Qui reconstruit ?
La plupart des projets de reconstruction sont financés localement et portés par des agences gouvernementales, des ONG et des groupes de jeunes bénévoles. Le PNUD a lancé des programmes « argent contre travail » pour mobiliser des bras et accélérer les premiers travaux de réparation.
Un pays toujours en guerre
Si Khartoum a été reprise par l’armée en mars dernier après une occupation par les paramilitaires des Rapid Support Forces (RSF), les combats se poursuivent ailleurs au Soudan entre les forces du général Abdel Fattah al-Burhane et celles de Mohamed Hamdane Daglo. Le Premier ministre Kamel Idris, en visite en juillet, a affirmé que « Khartoum redeviendra une capitale nationale fière », mais les autorités reconnaissent que la tâche est immense.
Sur le terrain, les retours progressifs témoignent d’une volonté de reconstruire. « Les conditions de vie s’améliorent », dit Ali Mohamed, revenu dans la capitale. Malgré l’espoir, le manque d’outils, de matériaux et la présence d’engins explosifs rendent les chantiers précaires et la reconstruction incertaine.
La restauration durable de Khartoum dépendra non seulement de l’ampleur des financements internationaux et locaux, mais aussi de la sécurisation des zones touchées et d’une relance des services publics essentiels pour éviter de nouvelles catastrophes humanitaires.