Le livre de Kamala Harris secoue le Parti démocrate aux États‑Unis

Washington. Les extraits du nouveau livre de Kamala Harris, 107 jours, publiés la semaine dernière aux États‑Unis, provoquent des réactions vives au sein du Parti démocrate. Dans ce récit de campagne, l’ancienne candidate revient sur la défaite face à Donald Trump et adresse des critiques ciblées à plusieurs responsables de son camp, ravivant des tensions internes déjà sensibles.

Des aveux et des reproches

Kamala Harris y assume une part de responsabilité, reconnaissant dans une interview à MSNBC qu’elle avait «une certaine responsabilité que j’aurais dû assumer». Elle qualifie d’«imprudence» le fait d’avoir laissé à Joe Biden la décision de se représenter, tout en affirmant qu’elle ne pensait pas que le président fût incapable de briguer un second mandat.

Le livre évoque en particulier la crise autour de l’état de santé de M. Biden le 21 juillet 2024. Harris explique qu’elle était «la plus mal placée pour argumenter en faveur d’un retrait», de peur que cela soit perçu comme de l’opportunisme, et cite la crainte que Biden y voie «de l’ambition sans fard, peut‑être comme une trahison perfide».

Anecdotes et conséquences politiques

Plusieurs passages ont suscité des réactions individuelles. Le gouverneur de Pennsylvanie, Josh Shapiro, a récemment fustigé la vice‑candidate, estimant qu’elle devra «répondre de la façon dont elle était présente dans la pièce et n’a pourtant jamais rien dit publiquement». Harris relate également ses hésitations sur le choix de colistier, expliquant avoir écarté l’ancien secrétaire aux Transports Pete Buttigieg pour des raisons qu’elle jugea politiques à l’époque.

Elle met aussi en lumière des tensions avec d’autres dirigeants démocrates. Elle affirme avoir tenté en vain d’obtenir le soutien du gouverneur de Californie Gavin Newsom, qui, selon elle, n’a pas rappelé ses sollicitations. Elle se montre par ailleurs critique sur la performance du gouverneur du Minnesota, Tim Walz, choisi ensuite comme colistier, et déplore le manque de temps dont elle disposait pour peaufiner sa stratégie.

Réactions dans le camp démocrate

  • David Axelrod, ancien conseiller de Barack Obama, juge dans Politico que la publication ressemble à une «liste de griefs» et remet en question la stratégie politique derrière la diffusion de ces passages.
  • Pete Buttigieg s’est dit «surpris» par certains propos et a appelé à «donner plus de crédit aux Américains».

Interrogée sur les conséquences de ces révélations pour ses relations au sein du parti, Kamala Harris a assuré ne pas vouloir se brouiller avec qui que ce soit. Elle a rappelé, dans une interview à ABC, que l’une des raisons d’écrire ce livre était de garder en mémoire les promesses et les engagements politiques en cours, estimant par ailleurs que Donald Trump agit comme un «tyran».

Sur son avenir personnel, Harris a refusé de s’engager sur une nouvelle candidature en 2028, déclarant sobrement : «Ce n’est pas ma priorité pour le moment.»

Au-delà des anecdotes, 107 jours relance le débat interne chez les démocrates sur la conduite de la campagne 2024, le rôle des dirigeants du parti et la gestion des questions de santé et de succession. Les réactions d’élus et d’anciens conseillers montrent que l’ouvrage pourrait peser durablement sur les équilibres internes du parti à l’approche des prochains cycles électoraux.

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