Lecornu face au budget, énergie, agriculture et Nouvelle-Calédonie en France

Nommé Premier ministre début septembre, Sébastien Lecornu hérite d’un portefeuille de dossiers délicats qui vont structurer la rentrée politique. Entre la préparation du budget 2026, une stratégie énergétique reportée, la colère des agriculteurs, l’accord inédit sur la Nouvelle-Calédonie et un automne législatif chargé, l’exécutif doit trancher rapidement pour imprimer sa marque.

Les cinq défis prioritaires

  • Budget : équilibrer rigueur et acceptabilité politique
  • Énergie : publier et clarifier la PPE en retard
  • Agriculture : répondre à une crise structurelle et climatique
  • Nouvelle-Calédonie : faire avancer l’accord de Bougival
  • Législation d’automne : trier les priorités parlementaires

1. Budget : un exercice d’équilibre

La première urgence porte sur le projet de loi de finances 2026. La trajectoire transmise au Conseil d’État par le précédent gouvernement s’appuie sur un effort de 44 milliards d’euros, dans un contexte où le déficit public est attendu à 5,4 % du PIB en 2025. Le nouvel exécutif dispose d’un délai serré : il doit transmettre son texte à l’Assemblée nationale avant le 13 octobre. La France, l’un des pays les plus endettés de la zone euro, emprunte désormais à un coût comparable à celui de l’Italie, ce qui rend toute manœuvre budgétaire délicate.

2. Énergie : la PPE toujours en attente

La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), document stratégique visant la neutralité carbone à l’horizon 2050 via un développement du nucléaire et des renouvelables, accuse deux ans de retard. Le dossier a été qualifié de prioritaire par l’entourage du ministre démissionnaire de l’Énergie, Marc Ferracci, qui s’est engagé à le placer « en haut de la pile ». La question de la publication (par décret ou voie législative) et des orientations concrètes reste ouverte.

3. Agriculture : la colère et des attentes concrètes

Après un été marqué par canicules, incendies et maladies animales, les agriculteurs demandent des réponses tangibles. Les revendications portent sur la rémunération, l’accès à l’eau, le prix des intrants (engrais, pesticides) et le renouvellement des générations. Les syndicats, dont la FNSEA, ont annoncé une mobilisation à l’automne. Sur la scène européenne, la réforme de la PAC et la ratification de l’accord UE-Mercosur alimentent la crispation du monde agricole.

4. Nouvelle-Calédonie : un accord fragile

L’accord signé à Bougival en juillet, qui prévoit la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie » et le transfert possible de compétences, a été publié au Journal officiel. Malgré cet accord inédit entre indépendantistes, non-indépendantistes et l’État, son avenir législatif demeure incertain. Ancien ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu conserve un lien avec les dossiers calédoniens, notamment après le troisième référendum d’autodétermination de 2021, marqué par le boycott d’une partie des indépendantistes.

5. Automne législatif : une feuille de route chargée

Le calendrier parlementaire s’annonce denso : organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030, statut de l’élu local, cybersécurité, simplification de la vie économique, ainsi que des réformes sensibles comme la réforme constitutionnelle sur la Corse et la refonte de l’audiovisuel public. Plusieurs textes ont déjà connu des parcours complexes au Parlement et seront particulièrement scrutés.

Au total, le nouveau Premier ministre dispose d’un horizon de quelques semaines à quelques mois pour fixer des priorités, arbitrer entre contraintes financières et pressions sectorielles, et trouver des compromis au Parlement. Ces décisions pèseront sur la crédibilité de son action et sur la capacité du gouvernement à produire des « ruptures » annoncées dans la prise de fonction.

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