New York – Emmanuel Macron a annoncé lundi, à la tribune de l’Assemblée générale de l’ONU, que la France reconnaît officiellement l’État de Palestine. L’initiative, présentée lors d’une conférence conjointe avec l’Arabie saoudite, marque un tournant diplomatique : la France devient la première grande puissance occidentale et le premier membre permanent du Conseil de sécurité à franchir ce pas.
Un message de paix assorti de conditions
<p À la tribune, le chef de l'État a plaidé pour l'urgence d'une trêve et la fin des bombardements à Gaza, lançant «Le temps de la paix est venu». Il a précisé que la reconnaissance serait liée à des conditions claires : la libération des otages détenus par le Hamas, le cessez-le-feu, le désarmement et le démantèlement du mouvement et la mise en place d'une administration de transition pour la stabilisation et la reconstruction de Gaza.
Macron a décrit les grandes étapes qu’il estime nécessaires : accord sur un cessez-le-feu, mise en place d’une administration provisoire intégrant l’Autorité palestinienne, formation de forces de sécurité palestiniennes soutenues par des partenaires européens, puis création d’un État palestinien «souverain, indépendant et démilitarisé». Il a également posé comme condition l’accord pour l’ouverture d’une ambassade française, subordonnée à la libération des otages.
Réactions internationales et tensions
- Les États-Unis ont critiqué la décision : la porte-parole de la Maison-Blanche et le président américain Donald Trump ont estimé que la démarche pouvait servir le Hamas, qualifiant l’initiative de «récompense» pour l’organisation. Washington n’a pas délivré de visas à la délégation palestinienne présente à l’ONU, selon la dépêche.
- Israël, par la voix de Benjamin Netanyahou, a rejeté l’idée d’un État palestinien et a menacé d’accentuer la colonisation en Cisjordanie, exacerbant les tensions avec Paris.
- Plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal, sont cités comme susceptibles de suivre la France dans cette reconnaissance, alors qu’une centaine d’États membres de l’ONU avaient déjà reconnu la Palestine auparavant.
- Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faycal Ben Farhane, a appelé d’autres pays à prendre «une mesure historique similaire» pour relancer la solution à deux États.
Équilibrer soutien à Israël et reconnaissance
Emmanuel Macron a tenu à rappeler l’amitié de la France pour Israël et a condamné sans réserve l’attaque du 7 octobre, qu’il a qualifiée de «pire attaque terroriste» de l’histoire d’Israël. Dans le même temps, il a affirmé que reconnaître la Palestine n’enlevait rien aux droits des Israéliens et qu’il s’agissait d’une réponse à l’impératif de justice pour le peuple palestinien.
Conséquences attendues
La décision française ouvre une nouvelle phase diplomatique qui pourrait faire pression sur Israël et modifier les équilibres régionaux. Paris propose de participer à une mission internationale de stabilisation et de soutenir la reconstruction et la formation des forces de sécurité palestiniennes. Les réactions contrastées – soutien d’une partie du monde arabe, opposition des États-Unis et hostilité d’Israël – laissent toutefois planer une forte incertitude sur l’effet réel de cette reconnaissance sur le terrain.
Sur le plan intérieur et européen, la démarche soulève déjà des débats sur le calendrier, les conditions pratiques d’une ambassade et les garanties à exiger pour préserver la sécurité des populations et la perspective d’une solution durable à deux États.
En bref : la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine à l’ONU à New York, en conditionnant cette reconnaissance à la libération des otages et au démantèlement du Hamas. La décision provoque des réactions internationales vives et pourrait entraîner d’autres reconnaissances tout en nourrissant les tensions diplomatiques avec Washington et Tel-Aviv.