Macron égalera le record de premiers ministres en France

Emmanuel Macron va prochainement égaler le record du nombre de premiers ministres sous la Ve République, après la démission de François Bayrou, renversé mardi lors d’un vote de confiance à l’Assemblée nationale.

François Bayrou a remis sa démission au président de la République. Dans un communiqué, l’Élysée a précisé qu’un nouveau chef du gouvernement serait nommé « dans les tout prochains jours ». Le successeur de Bayrou sera le septième premier ministre nommé par Emmanuel Macron depuis 2017, un total qui égalera celui de François Mitterrand.

Sept têtes à Matignon depuis 2017

Voici la succession des chefs de gouvernement nommés par Emmanuel Macron :

  • Édouard Philippe (15 mai 2017 – 3 juillet 2020)
  • Jean Castex (3 juillet 2020 – 16 mai 2022)
  • Élisabeth Borne (16 mai 2022 – 9 janvier 2024)
  • Gabriel Attal (9 janvier – 5 septembre 2024)
  • Michel Barnier (5 septembre – 13 décembre 2024)
  • François Bayrou (13 décembre 2024 – septembre 2025)
  • Le successeur à venir (nomination imminente)

Pourquoi la comparaison avec Mitterrand a ses limites

François Mitterrand a également travaillé avec sept premiers ministres au cours de ses deux septennats (Pierre Mauroy, Laurent Fabius, Jacques Chirac, Michel Rocard, Édith Cresson, Pierre Bérégovoy et Édouard Balladur). Mais les contextes institutionnels diffèrent : la durée des mandats, la chronologie des élections et la pratique de dissolution ont évolué depuis les années 1980.

La réforme constitutionnelle de 2000 a réduit le mandat présidentiel à cinq ans et, via la loi organique de 2001, a inversé le calendrier électoral pour placer les législatives après la présidentielle. Ces changements visaient à limiter les risques de cohabitation et à stabiliser l’exécutif.

Un rôle de « fusible » mis en lumière

Pour le politologue Christophe Boutin, interrogé dans le texte d’origine, « le président a changé plus rapidement de chef de gouvernement que son prédécesseur », et le poste de premier ministre a perdu une partie de son rôle traditionnel de « fusible ». Boutin souligne que, aujourd’hui, les attaques politiques visent plutôt le chef de l’État lui‑même : « Emmanuel Macron change les têtes mais pas sa politique. »

La dissolution de l’Assemblée provoquée par Emmanuel Macron le 9 juin 2024 illustre ces limites : elle devait renforcer sa majorité mais a abouti à une fragmentation de l’hémicycle, sans majorité claire, rendant la gestion quotidienne plus complexe pour les gouvernements successifs.

Scénarios politiques et précédent

Si la situation parlementaire se durcit, la France pourrait à nouveau connaître une cohabitation effective — une hypothèse évoquée dans le débat, notamment si des figures comme Olivier Faure (PS) ou Jordan Bardella (RN) devaient voir leur camp accéder à Matignon. À ce jour, Macron n’a cependant pas fait ce choix.

À noter également que, dans l’histoire récente, Nicolas Sarkozy reste le seul président de la Ve République à avoir conservé le même premier ministre — François Fillon — durant tout son mandat.

En résumé : la chute du gouvernement Bayrou porte Emmanuel Macron à égaler un record historique. Les raisons de cette succession rapide de chefs de gouvernement tiennent autant à des choix politiques du président qu’à l’évolution du paysage parlementaire depuis 2024.

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