Une expertise psychiatrique consultée par BFMTV détaille la personnalité et la responsabilité présumée du suspect dans le meurtre de Philippine, étudiante de 19 ans retrouvée au bois de Boulogne.
Les conclusions de l’expertise
Le médecin psychiatre chargé de l’expertise psychologique du principal suspect, Taha O., âgé de 22 ans et extradé de Suisse, estime que « la dangerosité sociale paraissait majeure ». Le rapport évoque « l’hypothèse d’une psychopathie avec des éléments pervers », une « délinquance sérielle » et un « risque de récidive de violence ». Selon l’expert, aucun trouble psychique ou neuropsychique n’a été décelé de nature à abolir ou altérer le discernement du jeune homme au moment des faits.
Des déclarations jugées « factices »
Lors de son premier interrogatoire en décembre 2024, le suspect avait affirmé avoir entendu des voix le poussant à commettre des actes de violence et avoir perdu la mémoire, ne se souvenant que d’« avoir fait quelque chose de grave ». L’expert qualifie cette amnésie de « factice et utilitaire », estimant qu’elle relève d’éléments de manipulation visant à brouiller les pistes et à se déresponsabiliser.
Des comportements rationnels après le crime
Le rapport note en outre une conduite très rationnelle après les faits : fuite vers la Suisse, utilisation de la carte bancaire de la victime et « nombreuses précautions pour ne pas se faire repérer ». Ces éléments corroborent, selon l’expertise, l’absence d’une altération du discernement susceptible d’empêcher une mise en accusation devant une cour d’assises.
Contexte judiciaire et administratif
- Le corps de Philippine Le Noir de Carlan, 19 ans, avait été découvert le 21 septembre 2024, enterré dans le bois de Boulogne, à Paris.
- Le suspect, de nationalité marocaine, avait été interpellé en Suisse le 24 septembre 2024 puis extradé en France.
- Il avait été condamné en 2021 pour viol et libéré en juin 2024 « en fin de peine », selon le parquet de Paris.
- Après sa sortie, il avait été placé en centre de rétention administrative (CRA) à Metz puis assigné à résidence dans un hôtel de l’Yonne où il ne s’était pas présenté. Inscrit au fichier des personnes recherchées le 19 septembre 2024, il faisait l’objet d’une obligation de quitter le territoire (OQTF).
Temoignages familiaux
Selon le rapport et des propos rapportés par les enquêteurs, les parents du jeune homme ont évoqué un comportement inquiétant depuis l’enfance, affirmant qu’il faisait « la promotion du mal et de la cruauté ». Ces éléments sont cités par l’expert pour documenter un profil susceptible d’expliquer une trajectoire délinquante récurrente.
Procédure en cours
L’instruction judiciaire se poursuit. Les conclusions de l’expertise psychiatrique alimenteront les débats sur la responsabilité pénale du suspect et la qualification des faits. Pour l’heure, le rapport souligne la possibilité d’un renvoi devant une cour d’assises si les charges sont confirmées.
Les autorités judiciaires continuent de recueillir les éléments techniques et les témoignages afin d’établir la chronologie précise des événements et d’éclairer les mobiles de ce crime qui avait suscité un fort émoi en France.