Le premier Conseil régional des jeunes de Nouvelle-Aquitaine (CRJNA), installé en 2022, a fait de la mobilité en zones rurales l’un de ses dossiers prioritaires. Fruit d’une vaste concertation lancée en 2023, le rapport rassemble témoignages et chiffres qui mettent en lumière les difficultés quotidiennes rencontrées par les 15-29 ans vivant loin des centres urbains.
Un quotidien rythmé par de longs trajets
Parmi les conseillers, le parcours d’Adrien Touzé illustre bien la réalité de nombreux jeunes : originaire de Nay (Pyrénées-Atlantiques), il a vécu pendant sa scolarité des trajets quotidiens jusqu’à Pau qui pouvaient durer trois heures. Changement d’horaires, retards et correspondances rendent ces déplacements lourds et imprévisibles pour beaucoup de jeunes ruraux.
Les chiffres clés de la concertation
Le CRJNA, composé de 108 conseillers âgés de 15 à 29 ans, a recueilli 3 300 réponses lors de sa grande enquête sur la mobilité. Les retours mettent en avant trois axes de mécontentement récurrents : les tarifs, les horaires et l’adaptation du réseau de transports collectifs aux besoins locaux.
- 26 % : part des 15-29 ans dans la population rurale française, selon les données citées dans le rapport.
- 42 minutes : temps moyen supplémentaire passé dans les transports en commun par les jeunes ruraux comparé aux urbains.
- 150 € : coût mensuel moyen supplémentaire supporté par ces jeunes pour leurs déplacements.
- 38 % : part des 15-29 ans qui déclarent avoir renoncé à un entretien d’embauche à cause de problèmes de mobilité.
Ces constats rejoignent l’analyse de la Cour des comptes, qui estime en 2025 que l’offre de mobilité en zones rurales reste mal adaptée aux besoins actuels.
Des solutions testées sur le terrain
Pour ne pas rester au stade du constat, le CRJNA propose des pistes concrètes. Parmi elles, une expérimentation lancée début septembre en Charente-Maritime : la fusion du Pass car et du Pass TER pour créer un abonnement unique destiné aux jeunes de la région. L’objectif affiché est de simplifier l’accès aux transports, réduire les coûts et améliorer la continuité entre différents modes (car, autocars régionaux, TER).
Cette initiative vise à répondre à l’une des principales attentes des jeunes : des titres de transport plus simples et moins onéreux, surtout pour ceux dont les études ou l’emploi imposent des déplacements réguliers vers les villes. Les premiers retours permettront d’évaluer l’impact concret sur l’usage et sur l’insertion professionnelle des jeunes concernés.
Enjeu social et économique
Au-delà du confort, la question de la mobilité affecte directement l’accès à l’emploi, à la formation et à la vie sociale des jeunes ruraux. Les autorités régionales et les acteurs du transport seront désormais attendus sur la mise en œuvre effective de solutions opérationnelles et financées.
Le CRJNA illustre par sa démarche que la jeunesse rurale ne demande pas seulement des diagnostics, mais des réponses tangibles. Reste à transformer ces expérimentations en politiques durables pour réduire l’écart entre territoires et garantir que vivre en zone rurale n’obère pas les opportunités professionnelles des jeunes.