Moratoire sur solaire et éolien en France : levée de boucliers

Le projet d’un moratoire sur les installations solaires et éoliennes terrestres, évoqué cette semaine dans la presse spécialisée, provoque une réaction immédiate et vive des acteurs des énergies renouvelables. Selon le média Contexte, le gouvernement pourrait publier la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) en y intégrant une pause des déploiements terrestres, une option présentée comme destinée à désamorcer une motion de censure du Rassemblement national.

Des organisations alarmées

Les principaux syndicats et associations du secteur dénoncent un « arrêt brutal » de la transition énergétique et mettent en garde contre des conséquences économiques et industrielles lourdes. Dans un message publié sur LinkedIn, Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), affirme que le rétablissement d’un moratoire par décret reviendrait à annuler une décision que l’Assemblée nationale avait rejetée au printemps.

France Renouvelables, qui représente une large partie du secteur, alerte sur l’impact social et économique : « Une telle décision mettrait immédiatement en péril plus de 80 000 emplois », indique l’organisation. Elle met en garde contre une dépendance accrue aux énergies fossiles si les projets renouvelables sont suspendus.

Greenpeace France, par la voix de Nicolas Nace, qualifie la mesure de « déni énergétique » et dénonce la tentation de transformer la PPE en « monnaie d’échange » politique. Pour ces organisations, un moratoire fragiliserait les parcours d’investissement, retarderait des appels d’offres nécessaires et compromettrait la planification des infrastructures et des formations.

Un scénario présenté comme « hypothèse de travail »

Le plan rapporté par Contexte serait, selon une source proche du dossier, une « hypothèse de travail ». Il consisterait à publier la PPE3 tout en missionnant un ou deux économistes pour réexaminer les modalités de soutien public aux renouvelables. En attendant leurs conclusions, aucun nouvel appel d’offres terrestre ne serait lancé.

Interrogés par la presse, des connaisseurs du dossier relativisent l’urgence d’une telle manœuvre avant un éventuel discours de politique générale. La PPE3 a cristallisé des tensions cette année entre partisans d’un renforcement du parc nucléaire et défenseurs d’un mix énergétique soutenu par le solaire et l’éolien.

Quels enjeux pour la filière et les territoires ?

  • Investissements : la suspension d’appels d’offres fragiliserait les projets en cours et la confiance des investisseurs.
  • Emplois : le secteur craint des pertes d’emploi sur des chaînes de fabrication et d’installation locales.
  • Souveraineté énergétique : les défenseurs des renouvelables soulignent le risque d’une dépendance accrue aux énergies fossiles importées.
  • Planification locale : les collectivités et entreprises attendent des signaux stables pour adapter leur stratégie.

La PPE3 demeure un texte attendu par les acteurs de l’énergie : elle fixe les objectifs de capacité, les calendriers d’appels d’offres et les modalités d’accompagnement industriel et social. Toute évolution substantielle de sa mise en œuvre est donc scrutée de près par la filière.

Pour l’heure, le scénario rapporté reste présenté comme une option parmi d’autres. Mais les réactions publiques des syndicats et ONG témoignent d’une inquiétude forte sur l’impact d’une pause administrative sur un secteur en pleine structuration industrielle et sur les territoires qui accueillent ces projets.

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