Une Australienne dans la soixantaine est jugée à la cour d’assises de Loire‑Atlantique, accusée du meurtre de Florent Grégoire, un Nantais de 28 ans porté disparu depuis le 12 septembre 2016. Le ministère public a requis, vendredi 26 septembre, une peine d’« au moins 20 ans » de réclusion criminelle.
Un procès sans corps, sans aveux
Le procès, qui s’est déroulé pendant cinq jours à Nantes, a posé aux jurés la difficile tâche de statuer sur un crime allégué en l’absence de corps et sans aveux de l’accusée. L’avocate générale Claire Loumadine a estimé qu’« au bout de ces années d’enquête et cinq jours de procès, aucun élément ne peut accréditer la thèse du suicide » et a pointé, selon elle, la responsabilité d’« une seule et unique coupable ».
Les magistrats et les parties ont détaillé un dossier fait d’éléments d’enquête, d’expertises et de témoignages, mais aussi de zones d’ombre : la nature exacte de la relation entre la prévenue et la victime, rencontrés en 2015, n’a pas été clairement établie durant les débats.
Les faits reconstitués
- Victime : Florent Grégoire, 28 ans, ingénieur en informatique, disparu le 12 septembre 2016.
- Dernière apparition : vu sortir d’une auberge en Andorre avec un sac à dos.
- Rencontre : la justice indique que les deux se sont rencontrés en novembre 2015 dans une auberge de jeunesse à Bordeaux, puis ont voyagé ensemble.
- Arrestation : l’accusée, née en 1960 et de nationalité australienne, a été arrêtée en 2019 à l’aéroport Paris‑Charles‑de‑Gaulle et est détenue depuis.
- Mises en cause : initialement mise en examen pour enlèvement et séquestration, elle est aujourd’hui jugée pour meurtre.
La défense plaide l’incertitude
Me Simon Despierre, avocat de la défense, a demandé l’acquittement en soulignant les « hypothèses et incertitudes » qui, selon lui, remplissent le dossier. Il a toutefois reconnu la « mythomanie » de sa cliente et admis que certains éléments de sa personnalité rendaient son témoignage difficile à croire, sans pour autant en faire la preuve d’une culpabilité pénale.
Au terme des débats, le jury s’est retiré pour délibérer à la mi‑journée. Le verdict était attendu vendredi soir.
Cette affaire, marquée par l’absence de découverte du corps et par des interrogations persistantes sur la relation entre la victime et l’accusée, illustre la complexité des procès criminels où la preuve matérielle est limitée. Les proches de la victime, qui attendent des réponses depuis neuf ans, suivent le déroulé judiciaire avec attention.