Un policier a comparu jeudi 11 septembre à Paris pour le lancer d’une grenade GLIF4, lors d’une manifestation des «gilets jaunes» le 24 novembre 2018, qui avait entraîné l’amputation de la main d’un manifestant. Le majeur dossier, instruit pendant plusieurs années, interroge l’usage des armes incapacitantes en contexte de maintien de l’ordre.
Les faits
Le 24 novembre 2018, aux alentours de 18 heures, sur un rond-point en bas des Champs-Élysées, une altercation violente oppose manifestants et forces de l’ordre. Dans ce contexte, le major Jackie D., 54 ans, a lancé une grenade GLIF4, un engin produisant une forte détonation, une onde de choc et la dispersion de gaz lacrymogène. Cette grenade a provoqué la rupture de l’avant-bras et l’amputation de la main de la victime, Gabriel Pontonnier.
Procès et positions
Sept ans après les faits, le policier est jugé devant le tribunal correctionnel pour blessures involontaires. À la barre, le major a défendu son geste en le présentant comme une réponse à un flux de projectiles lancé contre les CRS. Il a expliqué qu’il avait lancé la grenade «pour faire reculer les assaillants et faire cesser le nombre de projectiles que mes hommes et moi on reçoit», assurant ne pas l’avoir jetée «au milieu des manifestants» mais entre la ligne de CRS et les personnes présentes.
Le prévenu a toutefois reconnu que les conditions étaient dégradées: la nuit était tombée, le lieu était enfumé par les gaz lacrymogènes et il s’était avancé pour lancer l’engin, estimant que cette position «permet d’y voir plus clair». Il a aussi admis ne pas avoir procédé à une sommation et ne pas avoir annoncé son tir à la radio, «encombrée», invoquant la situation de risque pour l’intégrité physique de ses hommes.
La victime et les parties civiles
Gabriel Pontonnier, alors âgé de 21 ans, affirme s’être rendu à Paris pour une manifestation en faveur du service public de manière «pacifique». Il déclare ne pas se souvenir des circonstances précises et ignore s’il a tenté de ramasser la grenade. Depuis l’accident, il a subi 25 interventions chirurgicales, vu ses projets professionnels annulés et souffre de troubles psychologiques, selon ses proches. Sa mère témoigne d’années d’«enfer» pour la famille.
Les avocates des parties civiles ont rappelé que «les policiers ont le monopole de la violence légitime» et doivent à ce titre se montrer exemplaires. Elles ont dénoncé une succession d’imprudences et souligné la dangerosité de la GLIF4, qualifiée dans l’audience d’arme de guerre par certains conseils.
Position du parquet et calendrier
Le parquet, qui avait requis un non-lieu lors de l’instruction, a demandé à l’audience la relaxe du policier, jugeant le tir «légitime, nécessaire et proportionné» au regard des circonstances, malgré le résultat dramatique. L’avocate de la défense a, elle, pointé des imprudences et estimé que le tir avait été réalisé «à l’aveugle».
Le tribunal a annoncé que son jugement sera rendu le 17 octobre.
- Date des faits : 24 novembre 2018
- Date d’audience : 11 septembre 2025
- Victime : Gabriel Pontonnier (main arrachée, 25 opérations)
- Accusé : Major Jackie D., 54 ans, jugé pour blessures involontaires
- Prochain acte : Jugement fixé au 17 octobre