Prix des médicaments en France : l’UFC-Que Choisir exige transparence

L’association de consommateurs UFC-Que Choisir réclame davantage de transparence sur les prix des traitements innovants en France, pointant « des dérives du marché pharmaceutique » et prenant pour exemple le pembrolizumab (Keytruda).

Une demande de clarté sur les coûts

Dans un communiqué publié jeudi, Marie-Amandine Stevenin, présidente d’UFC-Que Choisir, demande que soient rendues publiques les modalités de fixation des prix et les remises accordées entre l’État et les industriels. L’association cite le Keytruda comme illustration d’une inflation des dépenses publiques difficilement justifiable en l’absence de transparence.

Le cas Keytruda

Mis sur le marché en 2014 pour le mélanome, le pembrolizumab – commercialisé sous le nom de Keytruda – est désormais approuvé dans treize indications oncologiques. En France, le prix affiché ressort à 2 380 euros l’unité, mais ce montant ne tient pas compte des remises confidentielles négociées entre le laboratoire et l’État, relève l’association.

Des analyses indépendantes citées par UFC-Que Choisir estiment qu’un « prix équitable » du médicament pourrait se situer entre 52 et 885 euros, un intervalle très éloigné des montants pris en charge par l’Assurance maladie, selon l’association.

Des dépenses publiques en hausse

L’Assurance maladie indique que les dépenses brutes de médicaments ont atteint 37,9 milliards d’euros en 2024, dont 6,25 milliards pour les anticancéreux. Parmi ces traitements innovants, Keytruda a représenté 2,1 milliards d’euros en 2024, soit environ un tiers des dépenses liées aux anticancéreux.

Le rapport de l’Assurance maladie note également que l’élargissement des indications pour ces traitements contribue à la hausse des dépenses, et que le coût annuel par patient est plus élevé pour les médicaments reconnus comme apportant une amélioration médicale significative.

Positions des acteurs

  • UFC-Que Choisir : exige publication des prix réels et des remises, et appelle à une meilleure régulation des prix des traitements innovants.
  • Laboratoire (MSD/Merck) : souligne l’apport thérapeutique de Keytruda, sa place dans le traitement de cancers à mauvais pronostic et rappelle les accès précoces accordés à certains patients. Le groupe indique aussi que le médicament représente une part importante de son chiffre d’affaires mondial et reste protégé par des brevets (jusqu’en 2031 selon le laboratoire).
  • Assurance maladie : met en avant la concentration du marché autour de quelques spécialités en forte croissance et l’impact des extensions d’indications sur les charges.

Enjeux

La demande de transparence soulève des questions sur l’équilibre entre accès à l’innovation, soutenabilité des dépenses publiques et droit des citoyens à connaître la structure des prix des médicaments remboursés. Les remises confidentielles, si elles existent, rendent difficile toute évaluation indépendante des montants réellement supportés par la collectivité.

UFC-Que Choisir appelle à des mesures de régulation plus strictes et à la publication des éléments clés des négociations pour permettre un débat public éclairé sur le coût réel des innovations thérapeutiques et la maîtrise des dépenses de santé.

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