Au deuxième jour de son procès à Albi, l’enquête de personnalité consacrée à Delphine Jubillar a dressé, mardi, un portrait contrasté de la disparue. L’expert entendu par la cour a salué une femme « sensible et réservée », investie dans sa vie professionnelle et familiale, tandis que des témoignages évoquent une double personnalité contrainte en présence de son époux.
Un portrait opposé à celui de l’accusé
La lecture de l’enquête a fait écho aux conclusions d’une première expertise psychologique rendue lundi sur Cédric Jubillar, décrite comme dénonçant un caractère « arrogant, menteur et colérique ». Sur le banc, l’accusé est resté presque impassible, observé par la salle, avec de perceptibles mouvements nerveux des jambes.
Près d’une trentaine de témoignages de proches et de collègues ont été réunis par l’expert. À l’unanimité, nombre d’entre eux ont décrit Delphine comme différente selon qu’elle était seule ou en présence de son mari. « Dès que Cédric arrivait, elle s’éteignait… C’était on/off », rapporte une amie d’enfance citée à la barre.
Origines, précarité et premières années
L’enquête est remontée aux origines du couple. Les témoins ont rappelé une enfance marquée par la précarité pour Delphine — une atmosphère que l’un des intervenants a qualifiée d’« à la Zola » — et des privations dont la famille s’était juré de ne pas revivre. Une anecdote, racontée par un proche, illustre ce contexte : « Une boîte de raviolis à l’ombre de leur petite HLM, et c’était la fête à la maison. »
Delphine et Cédric se sont connus adolescents. Plusieurs membres de la fratrie ont expliqué qu’ils s’étaient méfiés du « côté bad boy » de Cédric, espérant que la relation serait de courte durée. Le mariage a toutefois eu lieu en 2013, suivi d’un achat immobilier puis d’enfants.
Tensions conjugales et vie domestique
Les témoignages ont souligné une dégradation progressive de la vie commune : tensions, difficultés financières et un domicile rendu « à l’état de taudis » selon plusieurs proches, provoquant honte et désarroi chez Delphine. Les rôles ont parfois semblé s’inverser : la dernière année avant la disparition, Delphine paraissait plus combative et décidée à ne rien lâcher.
Lien extraconjugal évoqué
L’enquête a aussi abordé la relation extraconjugale nouée par Delphine à l’été 2020, via un site de rencontres. L’homme rencontré a affirmé avoir « retrouvé l’interrupteur » et fait ressortir une Delphine plus épanouie, décrite comme « solaire » par cet interlocuteur.
Les enfants et leur quotidien
Au terme de l’audition, la sœur aînée de Delphine, qui a désormais la garde des deux enfants, a pris la parole. Elle a indiqué que les enfants allaient « aussi bien que le contexte le permet » : la fille fréquente l’école primaire en CP, l’aîné Louis est au collège et pratique le rugby. Louis, âgé de 11 ans, a toutefois fugué au début de l’été pour rejoindre une camarade qu’il croyait victime de maltraitance.
La sœur a rapporté une interrogation persistante de l’enfant : Louis « demande régulièrement de se recueillir sur le lieu où pourrait être maman Delphine… Mais que lui répondre ? », a-t-elle confié à la cour.
Le procès se poursuit à la cour d’assises d’Albi, où la personnalité des protagonistes et le contexte familial continuent d’alimenter les débats devant les jurés.