Le procès de Frédéric Péchier s’ouvre lundi 8 septembre devant la cour d’assises du Doubs à Besançon. L’ancien anesthésiste-réanimateur, âgé de 53 ans, comparaît libre et sous contrôle judiciaire pour des faits d’empoisonnements portant sur 30 patients, dont 12 sont décédés.
Les faits reprochés
Selon l’accusation, les événements se sont déroulés entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Franche-Comté, la clinique Saint-Vincent et la polyclinique de Franche-Comté. Les enquêteurs ont retenu 30 cas d’arrêts cardiaques intervenus au bloc opératoire, sur plus de 70 événements indésirables graves étudiés.
- 30 patients visés par l’acte d’accusation, âgés de 4 à 89 ans.
- 12 décès attribués à ces incidents, selon l’accusation.
- Enquête déclenchée en janvier 2017 après l’arrêt cardiaque suspect d’une femme de 36 ans; une dose de potassium potentiellement létale avait alors été détectée dans une poche de soluté.
Procès hors norme
Le procès, présidé par Delphine Thibierge, réunit plus de 150 parties civiles — victimes présumées et familles — représentées par environ une cinquantaine d’avocats. Les débats, annoncés comme soutenus, doivent aboutir à un verdict attendu le 19 décembre. Le médecin encourt la réclusion criminelle à perpétuité s’il est reconnu coupable.
Accusation et stratégie de la défense
Les magistrats et l’accusation estiment que le dossier repose sur un « faisceau d’éléments concordants ». Les poursuites décrivent un scénario où l’anesthésiste aurait « pollué » des poches de perfusion pour provoquer des arrêts cardiaques, puis participé aux réanimations, simulant ainsi son utilité et ses compétences. Cet enchaînement a été présenté comme un mobile lié à des conflits professionnels avec des collègues.
Pour sa défense, Me Randall Schwerdorffer et Me Lee Takhedmit dénoncent une instruction « menée exclusivement à charge » et entendent plaider l’acquittement. Un ouvrage publié récemment, fondé sur des entretiens avec l’accusé, esquisse la ligne défensive : l’absence de preuve formelle et l’absence d’examen exhaustif d’autres pistes.
Interrogé à l’approche du procès, Frédéric Péchier a déclaré à BFMTV vouloir « se battre une dernière fois » et demander que « les gens écoutent ». La tenue de ce procès très médiatisé doit permettre, pour l’accusé comme pour les parties civiles, d’exposer et d’examiner en audience l’ensemble des pièces et témoignages.
Enjeux
Ce dossier, qualifié d’« sans équivalent dans les annales judiciaires françaises » par des acteurs de la procédure, soulève des questions lourdes sur la sécurité des soins, la gestion des blocs opératoires et le contrôle des pratiques médicales. La cour d’assises du Doubs devra trancher entre des éléments d’accusation jugés concordants et la défense qui réclame un examen critique des preuves.
Le procès s’annonce long et technique, et suscite une forte attente de la part des familles des victimes et de la communauté médicale.