Procès Péchier à Besançon : deux anesthésistes déclenchent l’enquête

Besançon, 11 septembre 2025. La cour d’assises du Doubs examine ce jeudi l’affaire des empoisonnements reprochés au docteur Frédéric Péchier, accusé d’avoir provoqué trente arrêts cardiaques — dont douze mortels — en contaminant des poches de perfusion à la clinique Saint‑Vincent.

Deux anesthésistes à l’origine de l’alerte

Ce sont deux praticiens du terrain, le chef du service de réanimation Sébastien Pili‑Floury et l’anesthésiste Anne‑Sophie Balon, qui ont joué le rôle de lanceurs d’alerte. Leur vigilance a permis d’identifier un signe inhabituel après l’arrêt cardiaque, le 11 janvier 2017, d’une patiente de 36 ans, Sandra Simard, transférée au CHU de Besançon pour réanimation.

Face à un électrocardiogramme « surprenant », le chef de réanimation a suspecté une hyperkaliémie. Sur son conseil, le matériel médical utilisé a été saisi et analysé : une quantité de potassium « cent fois supérieure à la normale » a été mise en évidence, selon le pharmacien inspecteur de l’Agence régionale de santé, Philippe Panouillot.

Enquête et basculement

Les résultats ont déclenché une enquête judiciaire. Le parquet de Besançon a été saisi et, alertée, la direction de la clinique ainsi que l’ARS ont pris des mesures immédiates. Les investigations ont ensuite mis en relation plusieurs arrêts cardiaques suspects survenus à la clinique, permettant aux enquêteurs de rassembler les fils de l’affaire qui aboutiraient à l’arrestation du docteur en mars 2017.

Le commandant de police Fabrice Charligny a rappelé devant la cour que le docteur Péchier « était insoupçonnable », considéré comme l’un des meilleurs anesthésistes de l’établissement. L’avocate générale Christine de Curraize a souligné la nécessité, pour l’enquête, de briser « le tabou social de l’assassinat médical ».

Accusations et défense

Les magistrats retiennent l’hypothèse selon laquelle le praticien aurait délibérément pollué des poches de perfusion pour provoquer des arrêts cardiaques, jeter le discrédit sur des collègues et mettre en lumière ses propres qualités de réanimateur. Le pharmacien de l’ARS a expliqué que l’établissement enregistrait un taux anormalement élevé d’événements indésirables graves (EIG) avant le déclenchement de l’enquête.

Interpellé en 2017, Frédéric Péchier, 53 ans et père de trois enfants, clame son innocence. Ses avocats, Me Randall Schwerdorffer et Me Lee Takhedmit, contestent l’existence d’un mobile déterminé et suggèrent que d’autres hypothèses n’ont pas été écartées. L’un des conseils a ainsi interrogé la nécessité de doses massives pour parvenir au résultat allégué.

Péchier comparaît libre mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès s’articule autour d’éléments matériels (seringues, poches de perfusion, analyses toxicologiques) et de témoignages médicaux et administratifs. Le verdict est attendu le 19 décembre 2025.

Repères

  • 11 janvier 2017 : arrêt cardiaque de Sandra Simard, transfert au CHU de Besançon.
  • Mars 2017 : interpellation du docteur Frédéric Péchier.
  • Septembre 2025 : ouverture du procès à la cour d’assises du Doubs.
  • 19 décembre 2025 : verdict annoncé.

Cette affaire soulève des questions sur la détection des incidents médicaux graves et la responsabilité des établissements. Elle met aussi en lumière le rôle des soignants vigilants dont l’alerte a permis, selon les autorités, d’empêcher de nouveaux événements dramatiques.

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