Besançon, 22 septembre 2025. Pour la première fois depuis l’ouverture du procès, l’ancien anesthésiste Frédéric Péchier est monté à la barre lundi 22 septembre devant la cour d’assises du Doubs. Mis en cause dans une vaste affaire d’empoisonnements présumés, il a contesté les accusations et justifié ses gestes lors d’interventions d’urgence.
Les faits contestés et la défense de l’accusé
L’accusé, âgé de 53 ans, comparaît libre mais encourt la réclusion à perpétuité pour 30 empoisonnements reprochés, dont 12 mortels. Après deux semaines de débats techniques, il a pris la parole pour répondre aux premières questions relatives au dossier.
Interrogé sur le cas de Sandra Simard, victime d’un arrêt cardiaque le 11 janvier 2017 lors d’une intervention bénigne au dos, M. Péchier a reconnu «manifestement, il y a eu une poche (de perfusion) empoisonnée», mais a fermement nié en être l’auteur : «Je n’ai pas empoisonné la poche de Mme Simard. C’est net. C’est tout ce que j’ai à vous répondre», a-t-il déclaré.
Les débats avaient soulevé des interrogations sur l’administration, par l’accusé, de gluconate de calcium en urgence — un produit utilisé pour soutenir le cœur en cas d’excès de potassium. L’enquête a par la suite établi que Mme Simard avait reçu une forte dose de potassium via sa perfusion. Péchier a expliqué que le gluconate de calcium «faisait partie de [ses] habitudes» et pouvait «aider», et a contesté l’idée qu’il serait l’antidote principal attendu par les experts.
Refus de la «théorie du pompier pyromane»
L’accusé a rejeté l’hypothèse selon laquelle il aurait empoisonné des patients pour ensuite se poser en sauveur. «La théorie du pompier pyromane ne tient pas», a-t-il affirmé. Interpellé sur des relations professionnelles tendues, il a admis un «contexte très crispé», mais ajouté : «Être en colère, ça ne veut pas dire empoisonner quelqu’un […] Ça n’a rien à voir».
Autres éléments du dossier
- Le procès porte sur une trentaine de victimes présumées, examinées par la cour d’assises.
- Le cas de Jean-Claude Gandon, patient de 70 ans anesthésié le 20 janvier 2017, doit être entendu mercredi après-midi : selon les enquêteurs, il aurait été victime d’une injection de mépivacaïne, présentée comme un moyen pour l’accusé de se créer un alibi.
- Les débats ont mis en évidence qu’entre 8h15 et 9h00 le jour des faits, les deux personnes les plus susceptibles d’avoir injecté le produit étaient le Dr Péchier et une élève infirmière anesthésiste; l’accusé a demandé à cette soignante de quitter brièvement le bloc.
- Le procès, très suivi, est programmé jusqu’au 19 décembre 2025.
Ce qui a été retenu
Lors de ce premier interrogatoire, l’ancien praticien a maintenu son innocence, expliqué ses choix médicaux dans l’urgence et contesté plusieurs analyses d’experts. Les débats doivent se poursuivre à la cour d’assises du Doubs, avec de nouveaux témoignages et l’examen d’éléments matériels (seringues, poches de perfusion) au cœur de l’enquête.
À lire aussi : le procès a déjà mis en lumière le rôle de deux autres anesthésistes qui ont alerté sur ces faits et le calvaire des victimes présumées.