Pau, 10 septembre 2025 — Le préfet des Pyrénées‑Atlantiques a obtenu mercredi une autorisation judiciaire du procureur de la République de Pau permettant à la Police nationale de faire voler des drones pour surveiller le mouvement « Bloquons tout » sur une partie du département.
Retour des drones après une annulation judiciaire
La décision intervient après que, mardi 9 septembre, le tribunal administratif de Pau a annulé un arrêté préfectoral autorisant la captation d’images par drone dans l’agglomération paloise. Le juge des référés avait estimé que l’urgence n’était pas suffisamment justifiée et que le périmètre de survol était imprécis, jugeant l’arrêté porteur d’« une atteinte grave et manifestement illégale aux droits et libertés ».
Nouvelles autorisations et périmètres visés
Dans la soirée qui a suivi l’annulation, la préfecture a pris de nouveaux arrêtés visant des zones distinctes : le BAB (Bayonne, Anglet, Biarritz) ainsi que les échangeurs autoroutiers de Pau et d’Artix. Parallèlement, la préfecture a interdit temporairement l’occupation des aires de péage, échangeurs et ronds‑points adjacents sur l’ensemble du département, du 9 septembre à 20h jusqu’au 11 septembre à 8h.
Mercredi, la décision du procureur autorise explicitement la Police nationale à utiliser des drones équipés de caméras dans le cadre de la surveillance des rassemblements liés au mouvement « Bloquons tout ». Le préfet récupère ainsi un outil technologique que le tribunal avait, la veille, déclaré utilisé de manière illégale au regard de l’arrêté initial.
Contestation en cours
Les avocats et magistrats qui avaient obtenu l’annulation de l’arrêté préfectoral le 9 septembre ont annoncé qu’ils attaquaient à nouveau les nouveaux arrêtés. Me Valentin Lesfauries, l’un des requérants, rappelle que la zone prévue dans le BAB représente environ 10 km², principalement résidentielle, et souligne la question du respect des libertés fondamentales face au développement des moyens de surveillance.
Les requérants demanderont au juge des référés d’évaluer la balance entre la préservation de l’ordre public et la protection des libertés individuelles, en se fondant sur les mêmes arguments de disproportion et d’imprécision du périmètre que lors de la première audience.
Ce que dit la préfecture
- La préfecture justifie l’utilisation des drones par la nécessité d’assurer la sécurité et de prévenir les débordements lors des blocages routiers et des occupations d’espaces publics.
- Les arrêtés précisent des cartes et des périmètres pour les survols, élément qui avait été critiqué lors de l’annulation précédente.
Ni la préfecture ni le parquet n’ont communiqué de bilan opérationnel ou de modalités détaillées sur la durée et les modalités exactes des vols au moment de la publication de cet article.
Enjeux et perspectives
La reprise de l’usage des drones soulève des questions juridiques et de perception publique : comment concilier outils de maintien de l’ordre et garantie des libertés individuelles ? Le contentieux devant le tribunal administratif devrait apporter des éléments de réponse sur la légalité et la proportionnalité des survols de drones pour la surveillance de mouvements sociaux dans un contexte local tendu.
Article rédigé à partir des éléments publiés par la presse locale et des communiqués judiciaires disponibles.