Alors que les partis de gauche s’empressent de soutenir la mobilisation « Bloquons tout » prévue le 10 septembre, le Rassemblement national adopte une stratégie diamétralement opposée. Cette posture révèle une approche politique fondamentalement différente de celle des formations d’extrême gauche, qui misent sur l’agitation de rue pour faire entendre leurs revendications.
La vice-présidente du RN, Edwige Diaz, a clairement exprimé la position de son parti face à cette journée de mobilisation. Selon elle, le rôle d’un parti politique consiste avant tout à proposer des solutions concrètes plutôt qu’à organiser des manifestations qui risquent de dégénérer. Cette déclaration, rapportée par BFMTV, illustre parfaitement la différence d’approche entre un parti qui se veut responsable et les mouvements qui privilégient l’agitation permanente.
Une stratégie politique responsable face aux tentations démagogiques
L’élue girondine a souligné que son parti n’avait « pas vocation à organiser des manifestations », préférant se concentrer sur son travail parlementaire et ses propositions législatives. Cette position tranche avec l’opportunisme habituel des formations de gauche, toujours promptes à récupérer les mouvements sociaux naissants. Thomas Ménagé, député RN, a renchéri sur Europe 1 en rappelant que le parti avait été « élu autour de Marine Le Pen pour défendre les positions des Français » et non pour « prendre position sur des mouvements sociaux ».
Cette approche révèle une maturité politique certaine. Plutôt que de surfer sur la vague contestataire, le RN assume sa responsabilité d’opposition constructive. Le parti de Marine Le Pen préfère concentrer ses efforts sur l’Assemblée nationale et les collectivités territoriales où ses élus peuvent véritablement agir pour leurs concitoyens. Cette stratégie contraste avec l’agitation stérile privilégiée par La France insoumise et ses alliés.
La position exprimée par les dirigeants RN s’inscrit dans une logique de responsabilité nationale. Alors que certains mouvements semblent privilégier le chaos, le Rassemblement national refuse de « bordéliser le pays », selon les termes employés par Thomas Ménagé. Cette expression, bien que directe, traduit une préoccupation légitime face aux risques de débordements.
Les risques de récupération et de débordements violents
Edwige Diaz a exprimé ses inquiétudes concernant les possibles infiltrations de groupuscules violents lors de cette journée de mobilisation. Elle doute notamment de la capacité du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau à « empêcher l’intrusion de Black Blocs ». Ces craintes ne sont pas infondées, comme l’ont démontré de nombreuses manifestations récentes où le mobilier urbain et les commerces ont subi des dégradations importantes.
Le mouvement « Bloquons tout », né spontanément sur les réseaux sociaux, a rapidement attiré l’attention des formations politiques traditionnelles. LFI, les écologistes, les communistes puis les socialistes ont successivement apporté leur soutien à cette initiative. Cette récupération politique, assumée par Jean-Luc Mélenchon lui-même, suscite l’inquiétude au sein du RN.
Selon les dirigeants du parti de Marine Le Pen, cette instrumentalisation par les partis de gauche constitue « le meilleur moyen d’affaiblir et de dissuader des personnes de participer ». Cette analyse révèle une compréhension fine des mécaniques politiques françaises, où la récupération partisane tend souvent à décrédibiliser les mouvements citoyens authentiques.
Partis politiques | Position sur le 10 septembre | Stratégie adoptée |
---|---|---|
Rassemblement National | Refus d’organiser | Opposition parlementaire |
La France Insoumise | Soutien actif | Récupération du mouvement |
Écologistes | Soutien | Adhésion à la mobilisation |
Communistes | Soutien | Participation organisée |
Liberté individuelle versus encadrement partisan
Malgré sa position officielle, le RN laisse ses électeurs et adhérents « libres de faire ce qu’ils veulent ». Cette approche respectueuse de la liberté individuelle contraste avec l’encadrement strict imposé par d’autres formations politiques à leurs militants. Elle témoigne d’une conception démocratique où l’engagement personnel prime sur les consignes partisanes.
Cette nuance importante révèle la subtilité de la stratégie RN. Le parti distingue clairement entre sa responsabilité institutionnelle et la liberté de conscience de ses sympathisants. Cette position permet d’éviter l’écueil de l’autoritarisme tout en maintenant une ligne politique cohérente.
Les dirigeants du RN comprennent que leurs électeurs peuvent ressentir des frustrations légitimes face à certaines politiques gouvernementales. En revanche, ils estiment que l’expression de ce mécontentement doit passer par les urnes plutôt que par la rue. Cette vision s’inscrit dans une tradition républicaine où le suffrage universel demeure l’expression démocratique par excellence.
Un récent sondage indique que 70 % des Français seraient favorables à une manifestation pour protester contre le budget du gouvernement. Ces chiffres révèlent l’ampleur du mécontentement populaire, mais le RN refuse d’exploiter cette colère à des fins de déstabilisation. Cette retenue politique pourrait paradoxalement renforcer sa crédibilité auprès d’un électorat en quête de stabilité et de responsabilité.