Le premier ministre britannique Keir Starmer a surpris en nommant Shabana Mahmood au poste de ministre de l’Intérieur, signalant un virage ferme de son gouvernement sur les questions migratoires. Ancienne ministre de la Justice, cette élue de Birmingham d’origine pakistanaise et de confession musulmane devient la tête d’affiche du courant Blue Labour au sein du Parti travailliste.
Portrait
Shabana Mahmood s’est imposée comme une voix conservatrice au sein de la gauche britannique. Élue pour la première fois à l’âge de 30 ans, diplômée du Lincoln College d’Oxford, elle fut l’une des premières femmes musulmanes à siéger à la Chambre des communes. Après des passages dans le «cabinet fantôme» sur des postes clés, elle avait quitté temporairement la vie politique en 2015 puis été réélue en 2017.
Blue Labour et ligne migratoire
La nomination de Mahmood confirme l’influence croissante du mouvement Blue Labour, qui prône un retour aux valeurs ouvrières et un discours dur sur l’immigration. Maurice Glasman, figure du courant, a salué sa promotion en la qualifiant de leader au sein du parti. Dans un entretien au magazine The Spectator, Mahmood a défendu un système migratoire «équitable» avec des règles strictes, affirmant représenter des électeurs attachés à la justice des règles d’entrée et de séjour.
Feuille de route annoncée
Selon les éléments rapportés, la nouvelle ministre a pour mission de réduire l’immigration illégale et d’accélérer le traitement des demandes d’asile. Le Royaume‑Uni a enregistré 111 000 demandes d’asile sur douze mois, en hausse de 20 % sur un an, un chiffre qui pèse lourd dans le débat public.
- Accélération des procédures d’asile et réduction des voies de recours;
- Mesures visant à diminuer l’immigration légale : réduction des visas étudiants et introduction de tests d’anglais;
- Recherche d’hébergements alternatifs aux hôtels : bases militaires désaffectées, logements étudiants ou entrepôts évoqués;
Ces pistes, destinées à contrer la montée de partis d’opposition hostiles à l’immigration, pourraient toutefois froisser entreprises et hôpitaux en recherche de main‑d’œuvre.
Dossiers sensibles à l’ordre du jour
La nouvelle ministre héritera aussi de questions sécuritaires brûlantes. L’interdiction et la qualification de «terroriste» de l’organisation Palestine Action par son prédécesseur soulèvent de vives contestations : Scotland Yard évoque des infractions sévères, tandis que des sympathisants de la cause palestinienne parlent de mesures disproportionnées. Parmi les faits récents cités, des actes de vandalisme sur des avions d’une base de la Royal Air Force ont été chiffrés à 7 millions de livres.
Une manifestation annoncée à Westminster promet d’être un test immédiat de la capacité du nouveau Home Office à gérer l’ordre public et les tensions sociales liées à ces sujets.
Enjeu politique
La désignation de Shabana Mahmood est à la fois un message interne au Parti travailliste et une réponse à la pression de partis comme Reform UK, en forte progression dans les sondages. Pour Keir Starmer, il s’agit de verrouiller des électorats sensibles aux questions d’immigration sans basculer sur des positions radicales. Reste à voir si la nouvelle ligne apaisera l’opinion, freinera les flux ou provoquera des résistances économiques et sociétales.
Faits établis : nomination par Keir Starmer, origine pakistanaise, confession musulmane, parcours politique, positionnement Blue Labour, objectif affiché de lutter contre l’immigration illégale, 111 000 demandes d’asile sur 12 mois, dossier Palestine Action et dégradations estimées à 7 millions de livres.