À peine nommée ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood fait face à une flambée des traversées irrégulières. Samedi, les services britanniques ont recensé 1 097 arrivées par la Manche en une seule journée, le deuxième total le plus élevé de 2025, après les 1 195 du 31 mai.

Chiffres et contexte

Après neuf jours sans traversées en raison de conditions maritimes défavorables, les autorités britanniques ont enregistré un rebond brutal des départs en petites embarcations. Selon le ministère de l’Intérieur, ce total représente une hausse de 37 % par rapport à la même période en 2023 et de 8 % par rapport à 2022, année record.

Réaction de la ministre

Dans sa première prise de parole officielle, Shabana Mahmood a qualifié ces chiffres « d’absolument inacceptables » auprès du Times et a promis de « restaurer l’ordre dans le système migratoire ». L’ancienne avocate du Labour a annoncé l’application de l’accord conclu avec la France prévoyant le renvoi de migrants arrivés par la Manche.

• La ministre attend des retours de migrants « très prochainement » et un premier transfert est espéré d’ici la fin du mois.
• Le gouvernement travailliste prévoit de durcir les conditions d’accueil et d’utiliser des casernes militaires pour reloger une partie des demandeurs d’asile aujourd’hui hébergés en hôtels.
• La Défense doit apporter son concours aux contrôles frontaliers, a indiqué John Healey, ministre de la Défense.

Obstacles opérationnels

Plusieurs mesures envisagées pourraient toutefois être retardées. L’instabilité politique en France est citée comme un risque pour la mise en œuvre des transferts. De même, l’examen d’une nouvelle disposition autorisant l’interception d’embarcations jusqu’à 300 mètres en mer Manche pourrait être reporté en cas de complication bilatérale.

Opposition et enjeux politiques

À droite, l’opposition accuse le gouvernement de laisser « perdre le contrôle » des frontières. Chris Philp, porte-parole intérieur des conservateurs, a estimé que le Parti travailliste avait échoué à sécuriser le pays et prédit que 2025 restera « la pire année » pour les traversées illégales.

Pour sa part, le gouvernement Starmer mise sur une combinaison de fermeté et de coopération internationale. Shabana Mahmood doit rencontrer cette semaine ses homologues du réseau de renseignement Five Eyes pour coordonner la lutte contre les passeurs, tout en excluant, pour l’instant, une sortie britannique de la Convention européenne des droits de l’homme; elle veut en revanche resserrer l’interprétation de certains droits.

Une première épreuve

La crise migratoire s’impose ainsi comme l’un des premiers et des plus visibles défis du nouveau gouvernement. Entre pressions politiques, contraintes opérationnelles et attentes d’une opinion publique excédée, l’exécutif britannique devra rapidement démontrer son efficacité pour inverser la dynamique enregistrée ce week-end.