Royaume‑Uni : épandage massif de lixiviat inquiète les Britanniques

Une enquête du Guardian, en collaboration avec l’ONG Watershed Investigation, révèle que des centaines de milliers de tonnes de « lixiviat » — le jus toxique qui s’écoule des décharges après les pluies — sont traitées sans précaution au Royaume‑Uni avant d’être épandues ou rejetées dans l’environnement.

Qu’est‑ce que le lixiviat ?

Le lixiviat se forme lorsque l’eau de pluie traverse les déchets accumulés en décharge et en dissout des polluants. Mélangé aux eaux usées ou transformé en boues, il peut être utilisé comme amendement agricole ou être rejeté en milieu naturel si le traitement est insuffisant.

Des chiffres qui préoccupent

Selon l’enquête, près de 1,7 million de tonnes de lixiviat bénéficieraient seulement d’un traitement biologique sommaire. Au total, ce sont 3,5 millions de tonnes de lixiviat déclarées chaque année au Royaume‑Uni. Près de la moitié de ces volumes seraient dirigés vers des stations d’épuration incapables de neutraliser tous les produits chimiques qu’ils contiennent.

  • Contaminants identifiés : PFAS (les « polluants éternels »), PCB, dioxines, retardateurs de flamme, solvants et microplastiques.
  • Pratiques dénoncées : dilution du lixiviat avec d’autres matériaux, contrôles limités, tests de boues centrés surtout sur les métaux lourds selon des normes anciennes (1989).
  • Risques signalés : rejets en rivières et mers, épandage de boues potentiellement impropres sur terres agricoles.

Des autorités et acteurs divisés

Une source de l’Environment Agency, citée anonymement, a dénoncé une « forme de blanchiment », expliquant que certains exploitants diluent et répandent le lixiviat mélangé pour s’en débarrasser. Selon cette source, certains centres accepteraient du lixiviat sans les permis requis.

Water UK, qui fédère vingt‑cinq compagnies d’eau privées, affirme que les entreprises « traitent les déchets conformément aux règles établies par le gouvernement et l’Agence de l’Environnement » mais appelle à une interdiction des PFAS et à la mise en place d’un système de responsabilité des producteurs pour financer le nettoyage.

De son côté, Georgia Elliott‑Smith, de l’ONG Fighting Dirty, juge que « le sort des liquides toxiques provenant des déchetteries est un secret bien gardé » et annonce l’intention de porter l’affaire devant la justice si les autorités ne réagissent pas.

Enjeux sanitaires et environnementaux

Les experts mettent en garde contre les effets potentiels à long terme : persistance dans les sols et les eaux, accumulation dans la chaîne alimentaire, et exposition humaine aux substances dangereuses. Le recours à des règles de contrôle datées et à des tests limités alimente l’inquiétude des ONG et d’une partie du public.

Cette affaire interroge la capacité des dispositifs actuels de gestion des déchets et des eaux usées à protéger réellement les sols, les cours d’eau et la santé publique. Les appels à durcir la réglementation, renforcer les contrôles et responsabiliser les fabricants de substances persistantes se multiplient.

À lire aussi : l’enquête du Guardian et les réactions des ONG et des autorités britanniques.

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