La rédaction du Parisien et plusieurs syndicats ont adressé une lettre ouverte au propriétaire Bernard Arnault pour s’alarmer d’une éventuelle vente du quotidien au groupe Bolloré. Les signataires estiment qu’une telle transaction serait « une catastrophe » pour l’indépendance éditoriale et la diversité de l’information en France, selon le texte rendu public mardi et relayé par l’AFP.
La rédaction craint une orientation idéologique
Dans leur courrier, la Société des journalistes du Parisien et les représentants syndicaux SNJ, SNJ-CGT et SGLCE-CGT demandent à M. Arnault de renoncer à toute négociation en ce sens. Ils jugent que « vendre cet héritage éditorial au groupe Bolloré reviendrait à livrer à une idéologie militante d’extrême droite un des grands quotidiens du pays », et mettraient en péril la pluralité des médias nationaux, écrivent-ils.
Contexte : concentration des groupes et réorganisations
Le Parisien, né en 1944, appartient au groupe LVMH depuis une dizaine d’années. Les journalistes rappellent que Bernard Arnault est également actionnaire de titres comme Les Échos et de stations comme Radio Classique, et que le groupe a récemment acquis d’autres titres (L’Opinion, L’Agefi, et Paris Match fin 2024).
- La rumeur de vente fait suite à un article du magazine Challenges évoquant un intérêt de Vincent Bolloré.
- Vincent Bolloré contrôle déjà le groupe Canal+ (avec notamment CNews), Prisma Media et, depuis 2023, le groupe Lagardère.
- Des acquisitions antérieures dans le paysage médiatique ont été suivies par des remaniements notables, grèves et départs dans plusieurs titres cités par la rédaction.
Les journalistes du Parisien évoquent, en référence aux mouvements observés ailleurs, le profond remaniement intervenu après l’achat de Lagardère, qui avait notamment affecté le JDD, et des épisodes antérieurs à i-Télé (devenue CNews) ou Europe 1.
Une rédaction fragilisée par des coupes
Le Parisien sort par ailleurs d’une nouvelle phase de réorganisation interne. La direction a annoncé la suppression d’environ 40 postes, mesure qui avait déclenché en mars une grève de 24 heures et une motion de défiance contre la direction. Les signataires de la lettre plaident pour la préservation de l’emploi et du projet éditorial du quotidien.
Pour l’heure, ni Bernard Arnault ni Vincent Bolloré n’ont publié de communication officielle confirmant ou infirmant des discussions autour d’une cession. La lettre ouverte de la rédaction vise à mettre la question sur la place publique et à alerter sur les conséquences potentielles d’une concentration accrue de la propriété des médias en France.