La Russie a annoncé la prolongation de l’interdiction d’exporter de l’essence jusqu’à la fin de 2025, une mesure destinée à réorienter des volumes jadis exportés vers le marché intérieur. L’annonce ravive les inquiétudes : malgré sa place de deuxième producteur mondial de pétrole, le pays fait face à des signes de tensions d’approvisionnement et à une hausse des prix du carburant.
Pénuries locales, files d’attente et stations fermées
Depuis plusieurs semaines, des journalistes ukrainiens et des internautes signalent des difficultés d’approvisionnement dans plusieurs régions russes. Des centaines de stations-service seraient fermées et des files s’allongeraient devant celles qui restent en activité, d’abord dans les régions périphériques, puis dans des grandes villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg.
- En Crimée annexée, la moitié des stations ne seraient plus approvisionnées, selon le gouverneur local Sergueï Aksionov.
- Des automobilistes rapportent des files et des ruptures ponctuelles, reflétant des tensions logistiques et de production.
Frappes ukrainiennes et baisse de la production
Les autorités russes attribuent en partie ces perturbations aux nombreuses attaques menées par l’Ukraine contre des infrastructures pétrolières et gazières russes depuis 2022. Kiev a multiplié les frappes contre des raffineries et des complexes de raffinage pour réduire la capacité de Moscou à exporter des produits pétroliers.
Ces attaques ont, selon des sources locales et observateurs, provoqué des réductions temporaires de la production dans certaines raffineries, contribuant à une «petite pénurie» reconnue publiquement par le vice-Premier ministre russe chargé de l’Énergie, Alexandre Novak.
La décision de Moscou : prioriser le marché intérieur
La Russie avait déjà instauré, en mars, une interdiction d’exporter de l’essence, initialement prévue jusqu’en octobre 2025. Le 25 septembre, le gouvernement a annoncé la prolongation de cette mesure jusqu’à la fin de l’année 2025 pour augmenter les volumes disponibles sur le marché intérieur.
Alexandre Novak a indiqué que la mesure vise à réacheminer des cargaisons vers la consommation intérieure et a assuré que des réserves avaient été constituées pour atténuer les effets. Néanmoins, il a admis l’existence de tensions d’approvisionnement dans certaines zones.
Incidents récents et impact sur les prix
La montée des attaques ukrainiennes s’est traduite par des dommages matériels notables : des drones ont notamment frappé une importante raffinerie dans la région du Bachkortostan, provoquant un violent incendie. Ces incidents viennent alimenter une hausse sensible des prix du carburant observée ces dernières semaines en Russie.
À Moscou, les autorités minimisent l’ampleur de la crise, mais les signaux économiques (prix, files d’attente, fermetures locales) donnent à penser que le pays doit composer avec des contraintes accrues sur ses chaînes d’approvisionnement pétrolier.
À quoi s’attendre ?
L’extension de l’interdiction d’exportation cherche à protéger le marché intérieur et à limiter l’impact des frappes sur la vie quotidienne. Reste que la diversification des voies d’approvisionnement, la capacité des raffineries à tenir le rythme après des attaques répétées, et l’évolution des prix seront les éléments à suivre de près dans les semaines à venir.
La situation illustre la vulnérabilité pratique d’une économie fortement dépendante des produits pétroliers quand ses infrastructures sont ciblées en temps de conflit.