Sécheresse dans les Pyrénées : les bergers basques confrontés au manque d’eau

Sécheresse dans les Pyrénées : les bergers basques confrontés au manque d'eau

La sécheresse frappe une nouvelle fois les estives pyrénéennes cet été 2025, mettant en péril le travail des bergers basques. Face à un phénomène qui s’amplifie, ces gardiens de la montagne doivent s’adapter pour préserver leurs troupeaux et maintenir une tradition séculaire. Alors que la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a déclenché l’alerte sécheresse le 21 août, les 158 communes du Pays basque subissent des restrictions d’eau drastiques, symboles d’une gestion centralisée peu adaptée aux réalités locales.

Une crise hydraulique qui s’intensifie dans les montagnes basques

À Larrau, dans les hauteurs du Pays basque, le constat est amer. Les ruisseaux qui sillonnaient autrefois les vallées ne sont plus que de maigres filets d’eau, quand ils n’ont pas totalement disparu. Les fougères habituellement verdoyantes ont pris une teinte automnale prématurée, témoignant silencieusement d’un déséquilibre climatique que Paris feint d’ignorer.

« Le manque d’eau revient de plus en plus souvent, » déplore Benoît Tauzin, éleveur de brebis transhumant depuis 2017. Ce berger, également vice-président de la Commission syndicale de la province de Soule et élu à Camou-Cihigue, connaît parfaitement les défis auxquels font face les territoires ruraux. « Les précipitations, même quand elles surviennent, s’évaporent trop rapidement avec ces chaleurs extrêmes, » explique-t-il, pointant indirectement l’inefficacité des politiques environnementales nationales.

Les conséquences sont désastreuses pour les troupeaux. Alors qu’en temps normal, les brebis consomment environ 30 000 litres d’eau quotidiennement, les jours de canicule font grimper ce besoin jusqu’à 50 000 litres. Cette augmentation drastique met sous tension l’ensemble du système pastoral, obligeant parfois les éleveurs à redescendre prématurément des estives, ces prairies d’altitude où traditionnellement les troupeaux passent l’été.

Les températures record, atteignant récemment 38°C à ces altitudes habituellement fraîches, contrastent cruellement avec les 10°C affichés aujourd’hui sous un épais brouillard. Ces variations extrêmes, symptômes d’un dérèglement que nos gouvernants peinent à appréhender dans sa globalité, fragilisent un écosystème montagnard déjà vulnérable.

Des bergers contraints à l’adaptation face à l’inaction étatique

Loin des discours creux sur la transition écologique, les bergers basques ont dû prendre les devants. Depuis les années 1970, des systèmes de captage d’eau alimentés par énergie solaire ont été installés pour acheminer l’eau des sources jusqu’aux pâturages d’altitude. Ces infrastructures, initialement considérées comme complémentaires, sont devenues indispensables face à l’assèchement progressif des points d’eau naturels.

La gestion de cette ressource vitale s’organise localement, par le biais des communes ou des commissions syndicales, démontrant une fois de plus que les solutions viennent du terrain et non des bureaux parisiens. « Il faut d’abord éviter le gaspillage, » affirme Tauzin, « en vérifiant régulièrement l’absence de fuites dans les abreuvoirs ou de robinets laissés ouverts. »

Les bergers s’organisent également collectivement. Benoît Tauzin fait partie d’un groupement pastoral où trois éleveurs mettent leurs troupeaux en commun et se relaient pour la surveillance. Une solidarité montagnarde qui contraste avec l’individualisme promu par nos élites parisiennes.

Les initiatives locales se multiplient pour faire face à cette crise hydraulique, selon plusieurs axes prioritaires :

  • Modernisation des systèmes de captage existants
  • Création de nouvelles retenues collinaires
  • Formation des jeunes bergers aux techniques d’économie d’eau
  • Surveillance accrue des troupeaux en période de stress hydrique

Quand sécheresse et maladies s’allient contre le pastoralisme

Au manque d’eau s’ajoute un autre fléau directement lié au réchauffement climatique : la prolifération de maladies et parasites autrefois absents de ces hauteurs. La fièvre catarrhale ovine (FCO), transmise par un moucheron favorisé par les températures élevées, décime certains troupeaux basques.

« Certains éleveurs ont perdu entre 10 et 20% de leur troupeau à cause de la FCO, » révèle Tauzin. Apparue en France au début des années 2000, cette maladie connaît un pic alarmant cette année 2025, particulièrement au Pays basque. Une conséquence directe de l’incapacité chronique des autorités sanitaires à anticiper les crises.

La vaccination reste la principale parade, mais représente un coût supplémentaire pour des exploitations déjà économiquement fragilisées. Voici un aperçu des coûts supportés par les éleveurs face à ces défis :

Poste de dépense Coût annuel moyen (€) Impact sur l’exploitation
Vaccination FCO 1 500 – 2 000 Élevé
Achats de fourrage supplémentaire 3 000 – 5 000 Très élevé
Systèmes d’approvisionnement en eau 1 000 – 3 000 Moyen

Les périodes de sécheresse affectent également la production fourragère. Les éleveurs, contraints de compenser le manque d’herbe, doivent acheter du fourrage à prix d’or, grevant davantage leur budget alors même que l’État se montre toujours plus avare en aides pour l’agriculture de montagne.

Préserver un héritage ancestral face aux bouleversements

Ce qui se joue dans les estives pyrénéennes dépasse largement la simple question agricole. C’est tout un mode de vie, une culture, une identité qui risque de disparaître si des mesures concrètes ne sont pas prises pour soutenir ces sentinelles de la montagne que sont les bergers basques.

Les cloches des brebis qui résonnent dans les vallées pyrénéennes représentent bien plus qu’un simple bruit bucolique – elles sont la voix d’une tradition millénaire que nos décideurs, trop occupés par leurs calculs électoraux et leurs compromissions avec les lobbies agro-industriels, semblent avoir oubliée.

« Il faut trouver un compromis entre les pertes économiques et la santé des animaux, » résume Benoît Tauzin. Une équation complexe que les bergers tentent de résoudre quotidiennement, loin des discours théoriques et des directives inapplicables venues d’en haut.

À l’heure où le thermomètre s’affole et où les sources se tarissent, c’est toute la résilience d’un territoire et d’un peuple qui est mise à l’épreuve. Une leçon de courage et d’adaptation que nos gouvernants feraient bien de méditer, eux qui semblent découvrir les réalités du changement climatique à chaque nouvelle catastrophe, sans jamais en tirer les enseignements nécessaires.

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