Sextape à Saint-Étienne : l’ex-directeur accuse Perdriau

Saint-Étienne. Au deuxième jour du procès tenu à Lyon, l’ancien directeur de cabinet de Gaël Perdriau a livré un témoignage accablant contre le maire de Saint-Étienne, désormais mis en examen dans une affaire de chantage mêlant sextape, financements et pressions politiques.

Un témoin clé brise le silence

Pierre Gauttieri, 57 ans, qui a été durant dix ans le bras droit de Gaël Perdriau, a affirmé mardi devant le tribunal correctionnel qu’« Monsieur le maire a pris la décision » de filmer une vidéo compromettante visant à « tenir » un rival politique, son premier adjoint Gilles Artigues. Les deux hommes sont jugés notamment pour chantage, association de malfaiteurs et détournement de fonds publics.

Le plan et son exécution

Selon le récit de Gauttieri, les faits remontent à l’après-élection de Perdriau en 2014. Face à des doutes sur la loyauté de Gilles Artigues, le maire aurait demandé « une solution pour tenir en respect » son adjoint. Peu après, l’adjoint à l’Éducation, Samy Kéfi-Jérôme, et son compagnon Gilles Rossary-Lenglet proposèrent de piéger Artigues sur le plan des mœurs.

Gauttieri dit avoir « rebouclé » avec le maire et exposé le plan : filmer Artigues à son insu avec un escort-boy. « Il me dit de voir ce qu’il en est au juste », rapporte l’ancien directeur de cabinet. Il ajoute qu’une fois le montage organisé, « monsieur le maire a pris la décision d’y aller » et qu’en matière financière « il m’a dit : je m’en occupe ».

Des subventions détournées ?

Début janvier 2015, Gilles Artigues est piégé dans une chambre d’hôtel parisien. En parallèle, Gauttieri affirme que deux associations ont chacune reçu 20 000 euros de subventions attribuées sur la réserve du maire, des fonds ensuite reversés à Gilles Rossary-Lenglet. Les protagonistes auraient également demandé 40 000 euros en lien avec le soutien politique aux législatives de 2017.

Du silence à la rupture

Quand l’affaire éclate en août 2022 après des révélations à Mediapart, Gauttieri dit s’être d’abord montré loyal, acceptant même de partir sans engager de conflit, estimant devoir « assumer le rôle de fusible ». Il a perçu une indemnité de départ qui lui a permis de bénéficier d’allocations chômage.

Quelques jours de détention en 2023 et l’instruction judiciaire ont fait évoluer sa position. Gauttieri reconnaît aujourd’hui que ses actes sont « inexcusables » : « J’ai honte », a-t-il déclaré à la barre, tout en assurant vouloir « rester debout » et retrouver « un petit peu de dignité ».

Accusations et dénégations

Gaël Perdriau, exclu des Républicains, nie avoir ordonné la réalisation d’une vidéo pour faire chanter son adjoint et conteste toute implication dans un chantage. Il encourt jusqu’à dix ans de prison et une peine d’inéligibilité si les faits sont retenus.

L’instruction a par ailleurs mis au jour des enregistrements dans lesquels Gauttieri tient des propos menaçants — notamment : « j’ai une vidéo de vous le cul en l’air » — ainsi que des éléments évoquant un autre projet visant un ancien maire, Michel Thiollière, concernant une prostituée mineure, projet qui, selon l’enquête, ne s’est pas concrétisé.

Le procès se poursuit à Lyon avec plusieurs co-prévenus. Les révélations de l’ancien directeur de cabinet constituent un élément central de l’accusation qui cherche à établir une chaîne de décisions et de financements liés au montage et à la diffusion d’éléments compromettants.

  • Enjeux : chantage, détournement de subventions, manœuvres politiques.
  • Personnes citées : Gaël Perdriau, Pierre Gauttieri, Gilles Artigues, Samy Kéfi-Jérôme, Gilles Rossary-Lenglet, Michel Thiollière.
  • Tribunal : tribunal correctionnel de Lyon.

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