El-Facher (Darfour) – Un raid aérien a frappé mardi soir un marché de la ville assiégée d’el-Facher, dans le nord du Darfour, faisant au moins 15 morts et 12 blessés, dont trois dans un état critique, a déclaré une source médicale locale à l’AFP.
L’attaque et les bilans contradictoires
Selon la source hospitalière, l’explosion, imputée à une frappe de drone, a causé de lourdes pertes parmi des civils présents sur le marché. La « coordination des comités de résistance », un organe local qui documente les violences, fait pour sa part état de 27 morts et blessés et qualifie l’attaque de « massacre », accusant les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) d’en être responsables.
El-Facher, dernière grande ville tenue par l’armée
El-Facher est la dernière grande ville de la vaste région du Darfour encore sous contrôle de l’armée régulière. Assiégée depuis plus de 500 jours, elle abrite environ 260 000 civils, dont la moitié sont des enfants, selon l’ONU. Coupée de l’aide extérieure, la cité est devenue le principal front du conflit opposant l’armée au mouvement paramilitaire des FSR, qui multiplie les offensives pour prendre le chef-lieu du Darfour-Nord.
Hôpital au bord de la rupture
Le centre hospitalier local, déjà en forte tension, manque de médicaments et de matériel. La source médicale citée par l’AFP rapporte que le personnel est réduit à utiliser des tissus de moustiquaire pour bander les plaies, faute de pansements adaptés. « La scène la plus douloureuse pour nous est de voir les blessés souffrir sans avoir les médicaments pour les soigner », a-t-elle déclaré.
Progression des paramilitaires et risques humanitaires
Des images satellites analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l’université Yale montrent ces derniers jours une progression des FSR vers plusieurs sites stratégiques autour d’el-Facher, dont le camp d’Abou Chouk et l’ancienne base de la mission conjointe ONU-Union africaine (Minuad), devenue quartier général des Forces conjointes alliées à l’armée.
Si la ville venait à tomber, les FSR contrôleraien[t] une large portion du Darfour, ce qui inquiète les organismes internationaux quant au risque d’exactions, notamment contre des communautés non arabes comme celle des Zaghawa, alliées aux Forces conjointes.
Contexte de la guerre
Le conflit a été déclenché en avril 2023 par la lutte de pouvoir entre le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée, et le général Mohamed Daglo, dirigeant des FSR. La guerre a déjà fait des dizaines de milliers de morts et provoqué des millions de déplacements, créant ce que l’ONU et l’Union africaine qualifient de pire crise humanitaire actuelle.
Les récents bombardements s’inscrivent dans une série d’attaques meurtrières dans la région : en septembre, une frappe sur un camp de déplacés près d’el-Facher avait fait au moins 75 victimes, dont plusieurs enfants selon l’Unicef.
Conséquences
- Nombre de morts communiqué par l’hôpital : 15.
- Bilan revendiqué par des comités locaux : 27 morts et blessés.
- Ville assiégée depuis plus de 500 jours, population civile très vulnérable.
- Hôpital en situation critique, pénuries médicales sévères.
Les informations publiées ici reprennent les témoignages et bilans rendus publics par des sources médicales locales, des comités de résistance et des analyses satellitaires. Les autorités ayant compétence sur le terrain n’ont pas livré de communiqué officiel réconciliant ces chiffres au moment de la publication.