Taxation des ultrariches : Lecornu joue la carte Zucman en France

Le nouveau gouvernement se retrouve au cœur d’un compromis autour de l’impôt sur les très hauts patrimoines. Pour maintenir la majorité et éviter une motion de censure, Sébastien Lecornu voit se dessiner une ouverture sur une taxation renforcée des ultrariches, inspirée de la « taxe Zucman » proposée par les socialistes.

Un enjeu politique majeur

Face à la menace d’une censure et à la pression du Rassemblement national, la macronie et une partie de la droite et du centre envisagent désormais d’accepter une contribution supplémentaire sur les très hauts patrimoines. Cette évolution marque un recul apparent de positions antérieures : la majorité avait en effet supprimé l’impôt sur la fortune (ISF) quelques années plus tôt et s’était montrée réticente à toute hausse d’impôt dans le budget 2026.

La taxe Zucman, point de rencontre

La « taxe Zucman » telle que portée par les députés socialistes consiste en un impôt plancher de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Le PS a intégré cette mesure dans son contre‑budget et en fait un élément clé des négociations pour soutenir le gouvernement. Selon le chef des députés PS, Boris Vallaud, la mesure est « fondamentale » pour obtenir un appui.

Du « geste symbolique » aux réserves constitutionnelles

Plusieurs responsables de la majorité, dont des députés macronistes et des élus de droite, se disent prêts à concéder un compromis. Sylvain Maillard, qui dénonçait début 2025 une taxation « confiscatoire », a admis la nécessité d’autoriser une victoire symbolique à la gauche. Charles Sitzenstuhl (Renaissance) évoque des « évolutions idéologiques » dictées par la situation politique.

En parallèle, des voix s’alarment : le président LR du Sénat, Gérard Larcher, réaffirme l’opposition au texte estimant la taxe potentiellement inconstitutionnelle. Les sénateurs avaient d’ailleurs rejeté la mesure en juin après son adoption par l’Assemblée nationale.

Options « édulcorées » et débats techniques

Les débats portent notamment sur l’assiette de la taxe. Certains proposent d’exclure les biens professionnels et actions liés à des outils de production afin de ne pas pénaliser les entreprises françaises. Cet angle, défendu par des députés de la droite et du centre, viserait à rendre la mesure moins « destructrice » pour l’industrie. Mais des parlementaires et responsables écologistes, comme Éva Sas, préviennent qu’exclure les biens professionnels reviendrait à vider la taxe de sa substance, en excluant une large part du patrimoine des très riches.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, travaille selon l’entourage gouvernemental sur plusieurs options alternatives, notamment des mécanismes contre la « suroptimisation fiscale ». Du côté du PS, on promet de ne pas accepter une « microtaxe » incapable de satisfaire leurs exigences, comme le souligne le député Philippe Brun.

Un compromis déterminant pour la survie du gouvernement

En somme, la taxation des ultrariches apparaît comme un outil de négociation politique plus qu’une simple réforme fiscale : elle pourrait permettre au Premier ministre de rallier une partie de la gauche et d’éviter une crise gouvernementale. Reste à savoir si les concessions proposées satisferont les partenaires du gouvernement sans affaiblir durablement l’assiette fiscale ni provoquer de batailles juridiques au Sénat ou devant le Conseil constitutionnel.

  • Sujet : taxation des très hauts patrimoines (taxe Zucman)
  • Acteurs : gouvernement macroniste, PS, LR, députés du centre
  • Enjeu : maintien du gouvernement, équilibre entre symbole politique et efficacité fiscale

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