La Roche-sur-Yon (Vendée), 24 septembre 2025. Dix personnes, dont plusieurs pêcheurs professionnels basés au port de Charron (Charente‑Maritime), ont comparu le 22 septembre devant le tribunal judiciaire de La Roche‑sur‑Yon pour leur participation présumée à un trafic illégal de civelles, a rapporté la justice.
Des réquisitions sévères du ministère public
Le ministère public a requis des peines de prison ferme à l’encontre des principaux Prévenus. Pour le principal mis en cause, présenté comme la tête pensante de l’organisation, le procureur a demandé une condamnation à deux ans de prison dont un an avec sursis, une interdiction définitive d’exercer dans le domaine de la pêche et une amende de 100 000 euros. Un autre prévenu, ancien pêcheur déjà condamné en 2018 aux Sables‑d’Olonne, fait l’objet d’une réquisition d’ un an de prison ferme et d’une amende de 50 000 euros. Des peines avec sursis et des amendes ont été demandées pour les autres personnes mises en cause.
Une filière démantelée en mars
Selon les autorités, l’enquête, conduite sous l’égide de l’Office français de la biodiversité (OFB) et de la gendarmerie, a permis de démanteler le réseau en mars. Quelque 470 kg de civelles ont été identifiés comme vendus illégalement, pour un préjudice écologique estimé à minima à 476 000 euros.
La marchandise, en partie écoulée en Espagne, provenait d’opérations de pêche menées dans la baie de l’Aiguillon (Vendée). Les prévenus étaient basés au port de Charron, côté Charente‑Maritime, d’où ils auraient approvisionné des acheteurs nationaux et internationaux.
Valeur et enjeux de la civelle
La civelle, l’alevin de l’anguille d’Europe, est au cœur de ce trafic en raison de sa forte valeur marchande. Pour la consommation, la civelle se négocie autour de 400 euros le kilogramme ; destinée aux élevages en Asie, elle atteint des prix bien supérieurs, estimés entre 2 000 et 6 000 euros le kilogramme selon le communiqué conjoint du ministère de la Justice, de l’OFB, de la gendarmerie et de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP).
Outre la fraude, les autorités soulignent l’impact environnemental : l’anguille d’Europe est une espèce migratrice vulnérable, et le prélèvement massif d’alevins compromet la reproduction et la biodiversité des cours d’eau et estimations locales évaluent un préjudice écologique important.
Délibéré fixé au 15 décembre
Le tribunal a mis sa décision en délibéré. Le jugement est attendu le 15 décembre. L’affaire illustre les trafics organisés autour d’espèces marines à forte valeur et la mobilisation des services de l’État pour protéger la ressource et sanctionner les atteintes à l’environnement.
Sources : Sud Ouest, AFP ; communiqués du ministère de la Justice et de l’OFB.