Aix-en-Provence / Étang de Berre. Sept personnes et une société ont été jugées mardi au tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence pour avoir récolté et vendu illégalement plus de 24 tonnes de palourdes dans l’étang de Berre, au large de Marseille. Le réseau, qui s’appuyait sur des pêcheurs amateurs pour approvisionner une entreprise locale, est accusé d’un pillage massif d’une ressource fragile.
Les faits
Selon l’accusation, cinq pêcheurs amateurs, âgés de 28 à 42 ans, ont collecté pendant plusieurs mois des centaines de kilos de palourdes qu’ils ont revendus à la société Cap Horn. L’activité dépassait largement la limite quotidienne autorisée pour les pêcheurs de loisir, fixée à 2 kg, et se poursuivait parfois en dehors des périodes permises, y compris lors d’interdictions liées à une pollution par Escherichia coli.
- Quantité saisie par les enquêteurs et imputée au réseau : plus de 24 tonnes de palourdes.
- Mis en cause : cinq pêcheurs amateurs, la société Cap Horn et deux dirigeants.
- Lieu des faits : étang de Berre, l’une des plus grandes lagunes méditerranéennes d’Europe.
Pressions et défense
Des interceptions téléphoniques présentées en audience montrent une relation commerciale sous tension entre le dirigeant de Cap Horn et les pêcheurs. Dans l’un des enregistrements, le PDG est entendu pressant les récoltants avec des propos injurieux. Lors de l’audience, il a contesté faire partie d’une organisation structurée et a affirmé ne pas avoir mesuré l’impact écologique de ses achats, expliquant qu’il n’avait « jamais vu des gisements avec autant de palourdes ».
Les prévenus demeurent principalement poursuivis pour pêche illégale et commercialisation illicite de coquillages. La procureure a requis des peines d’amendes journalières, soit 200 jours-amendes à hauteur de 50 à 100 euros, ainsi qu’une interdiction définitive d’exercer toute activité liée à la pêche pour les principaux responsables.
Impact environnemental et parties civiles
Deux associations de protection de la nature, France Nature Environnement Paca et la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) de la région, se sont constituées parties civiles. Elles alertent sur les conséquences de ce trafic pour la biodiversité locale : les palourdes jouent un rôle de filtre naturel, contribuant à dépolluer l’eau en captant particules et micro-organismes.
L’avocate des associations a mis en garde contre la « minimisation » des effets de ce pillage, rappelant que retirer des quantités massives de bivalves diminue le pouvoir de filtration d’un milieu déjà marqué par des épisodes de pollution. Ces craintes s’ajoutent aux enjeux économiques locaux et à la protection des pratiques de pêche durable.
Enjeux locaux
Au-delà des sanctions pénales, cette affaire pose la question du contrôle des ressources littorales et de la lutte contre les filières de commercialisation sauvage. Les autorités locales et associations réclament un renforcement des contrôles pour préserver l’équilibre écologique de l’étang de Berre et empêcher la marchandisation illégale d’espèces sauvages.
Le procès vise à établir les responsabilités individuelles et commerciales. Les juges devront apprécier l’étendue des faits, les conséquences environnementales et la proportionnalité des peines face à un prélèvement présenté comme industriel mais opéré via des récoltants non professionnels.