Bruxelles — La Commission accélère le dialogue avec les constructeurs
La Commission européenne a annoncé vendredi qu’elle allait réexaminer « le plus tôt possible » la date de 2035 prévue pour l’interdiction de la vente de voitures neuves à moteur thermique dans l’Union, ont indiqué des sources proches du commissaire à la Stratégie industrielle, Stéphane Séjourné.
Cette annonce a été faite lors d’une réunion à Bruxelles entre la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, et les dirigeants des principaux constructeurs automobiles européens, réunis dans le cadre d’un « dialogue stratégique » sur l’avenir de la filière.
Pourquoi relancer le débat ?
Les industriels avaient demandé un calendrier de réexamen accéléré, arguant des difficultés récentes du secteur: ventes d’électriques qui stagnent, pression concurrentielle accrue des constructeurs chinois, droits de douane américains et chute des marges mondiales. Les textes en vigueur prévoyaient initialement un réexamen en 2026.
Parmi les représentants du secteur présents figurent notamment le nouveau directeur général de Renault, François Provost, ainsi que des dirigeants de Stellantis, BMW et Mercedes-Benz, selon l’entourage du commissaire.
Des positions divisées
Les constructeurs réclament davantage de « flexibilités » pour réussir la transition vers l’électrique, estimant qu’une réglementation trop rigide mettrait en danger la compétitivité européenne et la pérennité des emplois. Hildegard Müller, présidente de la fédération allemande VDA, a dénoncé la Commission « trop indécise et peu stratégique », tandis que le chancelier allemand Friedrich Merz a plaidé pour une réglementation « intelligente, fiable et souple ».
En sens inverse, une coalition d’environ 150 acteurs de la chaîne des véhicules électriques — fabricants de batteries, opérateurs de recharge et constructeurs engagés dans l’électrique — a publié une lettre ouverte demandant de maintenir la date de 2035 et appelant la Commission à « tenir bon ». Le transport routier représente plus de 20 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE selon les données communautaires, ce qui fait de la décarbonation du secteur un objectif clé pour atteindre les engagements climatiques.
Mesures d’accompagnement proposées
Dans son discours annuel devant le Parlement européen, Ursula von der Leyen a proposé d’aider les industriels à développer des « véhicules électriques abordables et de petite taille », produits en Europe, pour lutter contre l’avance commerciale des fabricants chinois sur ce segment. La Commission met ainsi en avant un double objectif: protéger la compétitivité industrielle tout en poursuivant les objectifs de réduction des émissions.
Contexte et enjeux
- Le calendrier 2035, inscrit dans le Pacte vert européen, vise à interdire la vente de véhicules neufs essence/diesel (hybrides inclus) dans l’UE.
- Le réexamen visera à évaluer impacts industriels, compétitivité face à la Chine et avancée des technologies électriques en Europe.
- La Commission se trouve sous pression contradictoire: relancer la compétitivité industrielle tout en respectant les objectifs climatiques (réduction jusqu’à 90 % des émissions à l’horizon 2040 par rapport à 1990).
La réunion de vendredi illustre la montée en importance des considérations industrielles et commerciales dans l’élaboration des règles environnementales au niveau européen. La Commission a indiqué vouloir poursuivre le dialogue avec le secteur pour définir des mesures « réalistes et efficaces » afin d’accompagner la transformation du parc automobile européen.
Faits vérifiés: annonce faite le 12 septembre 2025, réexamen « le plus tôt possible » selon l’entourage de Stéphane Séjourné; révision initiale prévue en 2026; participants cités selon l’entourage et communiqués publics.