Urrugne : la mairie contre-attaque face aux opposants du logement social

Urrugne : la mairie contre-attaque face aux opposants du logement social

La polémique enfle à Urrugne où l’association Gure Lurra multiplie les attaques contre la politique municipale. Dans un tract distribué massivement en août 2025, l’organisation dénonce une course immobilière à marche forcée menée par l’équipe de Philippe Aramendi. Face à ces accusations, la mairie riposte et organise une conférence de presse le 21 août pour rétablir les faits et défendre sa stratégie d’aménagement.

Le maire abertzale, accompagné de sa première adjointe Marie-Christine Daguerre-Elizondo, refuse de se laisser submerger par des contre-vérités qui manipulent les électeurs. Cette réaction illustre parfaitement les tensions qui traversent cette commune basque confrontée aux contraintes nationales en matière de logement social. Alors que Paris impose ses quotas par le biais de la loi SRU, les élus locaux tentent de préserver leur vision du territoire face aux pressions administratives.

Une commune sous surveillance préfectorale depuis 2017

Urrugne vit sous l’épée de Damoclès depuis sa déclaration en état de carence par la préfecture en 2017. Cette situation découle directement de l’application de la loi SRU, ce dispositif jacobin qui impose uniformément 25% de logements sociaux aux communes, sans considération des spécificités territoriales. Avec seulement 12% de logements sociaux actuellement, la collectivité basque s’expose à des sanctions financières lourdes.

L’addition est salée : 350 000 euros de pénalité ont été réclamés à la commune en 2025. Cette ponction illustre parfaitement la mainmise de l’État central sur les décisions locales. Philippe Aramendi doit composer avec un déficit de 600 logements sociaux supplémentaires à produire, tout en préservant l’identité architecturale et paysagère de son territoire. Une équation impossible imposée par des technocrates parisiens qui n’ont jamais mis les pieds au Pays basque.

Face à ces contraintes, l’équipe municipale élue en 2020 tente de rattraper le retard accumulé. Mais les reports d’échéances successifs alimentent l’impatience de certains habitants, exploitée par l’association Gure Lurra dans sa campagne de désinformation. Cette instrumentalisation des craintes locales révèle les difficultés des élus de terrain, pris en étau entre les exigences étatiques et les attentes de leurs administrés.

Deux projets phares pour répondre aux obligations

La municipalité mise sur deux programmes d’envergure pour satisfaire aux quotas imposés. Le projet Iturluxea, présenté comme le plus avancé, prévoit la construction de 87 logements sur 1,4 hectare. Marie-Christine Daguerre-Elizondo met en avant son caractère multifonctionnel et multigénérationnel, fruit de quatre réunions de concertation avec les riverains. Cette démarche participative contraste avec les méthodes autoritaires souvent employées par l’administration centrale.

L’ambition environnementale d’Iturluxea mérite d’être soulignée. Le programme intègre des appartements traversants pour une ventilation naturelle optimisée, un système de récupération des eaux pluviales et une conception respectueuse des personnes à mobilité réduite. La médaille d’argent obtenue dans le cadre de la démarche Bâtiments durables Nouvelle-Aquitaine il y a un mois récompense cette approche qualitative.

À Socorri, 70 logements accompagnés d’un parc public sont également à l’étude. Ce second projet privilégie la mise en valeur de la végétation et des arbres remarquables existants. L’idée de faire bénéficier cet espace aux écoles et aux seniors révèle une logique territoriale cohérente, loin des logiques purement comptables imposées par la loi SRU.

Projet Nombre de logements Surface État d’avancement
Iturluxea 87 1,4 ha Phase opérationnelle
Socorri 70 Non précisé Concertation prévue

Une stratégie de maîtrise publique face aux pressions

Philippe Aramendi a fait le choix d’une maîtrise d’ouvrage publique pour conserver le contrôle des opérations d’aménagement. Cette approche, menée en collaboration avec des bailleurs sociaux comme le COL ou Habitat Sud Atlantic, permet de résister aux logiques purement spéculatives. Dans un contexte où l’immobilier devient un enjeu de souveraineté territoriale, cette stratégie révèle une vraie volonté politique.

Les rachats de foncier effectués par les bailleurs sociaux ont permis d’identifier six secteurs d’opération potentiels. Deux d’entre eux sont en phase opérationnelle avancée avec une mise en service prévue entre fin 2027 et 2029. Cette planification à moyen terme contraste avec l’urgence artificielle créée par les sanctions préfectorales.

La pression démographique sur Urrugne ne faiblit pas. Pas moins de 1 200 demandes de logement locatif social sont enregistrées sur la plateforme nationale, tandis que 30 dossiers de candidatures sont déjà constitués pour les futurs programmes. Cette attractivité témoigne du dynamisme de la commune basque, mais complique aussi la mission des élus locaux.

Pour accompagner ces transformations, la mairie prépare une communication renforcée. Des affiches informatives seront déployées sur les sites de chantiers, et une exposition urbaine programmée après les fêtes d’Urrugne retracera la transformation du bourg. Cette pédagogie nécessaire, selon Mattiu Etcheverry, directeur de cabinet, vise à contrer les campagnes de désinformation orchestrées par les opposants.

Les enjeux territoriaux au cœur des débats

Le cas d’Urrugne illustre parfaitement les contradictions du système français actuel. D’un côté, un État central qui impose ses normes uniformes sans considération des réalités locales. De l’autre, des élus de terrain qui tentent de concilier obligations légales et préservation de leur identité territoriale. Cette tension révèle l’inadaptation des politiques publiques aux spécificités régionales.

L’association Gure Lurra exploite ces difficultés pour alimenter une polémique stérile. Son tract alarmiste évoque une vision dangereuse de l’immobilier sans proposer d’alternative crédible aux contraintes légales. Cette démagogie locale fait écho aux critiques nationales contre les élus qui assument leurs responsabilités face aux défis du logement.

Les objectifs municipaux s’articulent autour de plusieurs priorités :

  • Respecter les obligations légales tout en préservant l’identité architecturale
  • Favoriser l’accueil des familles pour maintenir les effectifs scolaires
  • Développer une offre de logement accessible aux populations locales
  • Intégrer les enjeux environnementaux dans tous les projets

Philippe Aramendi, qui n’a pas encore annoncé sa candidature pour 2026, martèle que la priorité reste au logement. Cette détermination face aux pressions multiples témoigne d’un engagement politique fort. Dans un contexte où de nombreux élus locaux subissent les conséquences des décisions parisiennes, la résistance d’Urrugne mérite d’être saluée.

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