Le diocèse de Nantes et l’enseignement catholique de Loire‑Atlantique ont rendu publics, mardi, les résultats d’un appel à témoignages sur des violences sexuelles au sein du collège‑lycée Saint‑Stanislas, à Nantes. Au total 87 signalements ont été recueillis par les services diocésains, dont 63 concernent spécifiquement cet établissement.
Des faits surtout anciens, difficultés d’identification
Selon le communiqué diffusé par le diocèse, « les faits rapportés concernent principalement la période 1950‑1980 ». Les responsables précisent que la nature des témoignages varie : viols, agressions sexuelles et attouchements sont évoqués par des victimes ou leurs proches. Une victime sur deux « ne peut nommer son agresseur » et « deux victimes sur trois ne peuvent préciser la gravité des faits », indiquent encore les auteurs du bilan.
Un dossier remontant au suicide d’un ancien interne
Le parquet de Nantes avait ouvert début septembre une enquête après le suicide, en 2024, d’un quadragénaire qui avait confié avoir été victime de violences sexuelles d’un surveillant lorsqu’il était interne à Saint‑Stanislas. Fin août, l’enseignement catholique avait déjà indiqué avoir recueilli plusieurs témoignages couvrant la période 1950‑1990, évoquant alors une dizaine de victimes et cinq prêtres mis en cause — tous aujourd’hui décédés — ainsi qu’un membre du personnel éducatif non identifié.
Réactions et promesse d’accompagnement
Dans son communiqué, Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes, mesure « la gravité des faits » et la « douleur immense » des victimes. « Aucune démarche ne sera jamais suffisante pour réparer une telle souffrance », ajoute‑t‑il, en assurant du « devoir de rechercher la vérité » et de « tout faire pour accueillir, écouter et accompagner » les personnes concernées. Le diocèse indique que les éléments consolidés à l’issue de la phase d’écoute permettront de saisir les autorités judiciaires et de préciser les responsabilités.
Un contexte national lourd
Ces nouveaux signalements s’inscrivent dans le contexte plus large des révélations sur les abus sexuels au sein de l’Église catholique. Le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), publié en 2021, estimait que 330 000 mineurs ont été victimes de violences sexuelles dans l’Église en France au XXe siècle. Jean‑Marc Sauvé, président de la Ciase, chiffreraient notamment à 108 000 les victimes agressées « dans le cadre de l’enseignement scolaire catholique ».
Ce qui reste à faire
- Les autorités judiciaires poursuivent l’enquête ouverte par le parquet de Nantes.
- Le diocèse et l’enseignement catholique poursuivent la collecte et l’écoute des témoignages.
- La clarification des responsabilités devrait dépendre de l’identification des auteurs et de la consolidation des éléments rapportés par les victimes.
Les familles et les victimes continuent d’attendre des réponses et des mesures concrètes pour reconnaître et réparer les préjudices subis. Le dossier Saint‑Stanislas ravive le débat national sur la prévention, la responsabilité des institutions et l’accompagnement des victimes d’abus sexuels dans les établissements scolaires.
