Paris, Assemblée nationale — Ce lundi 8 septembre, François Bayrou doit prononcer à 15h son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, prélude à un vote de confiance annoncé comme fatal pour son gouvernement. La procédure, lancée au titre de l’article 49 alinéa 1 de la Constitution, pourrait faire de Bayrou le premier Premier ministre de la Ve République évincé après avoir sollicité la confiance.
Un calendrier parlementaire serré
La journée se déroulera selon un protocole précis. Après l’allocution du chef du gouvernement, onze orateurs — principalement les présidents de groupe — monteront à la tribune pour répondre et préciser la position de leur formation. Le temps de parole est réparti en fonction de l’importance numérique des groupes : Gabriel Attal (groupe Ensemble), en tant que représentant du groupe principal du « socle commun », disposera de 35 minutes. Le Rassemblement national (RN), la Droite républicaine (DR) et le MoDem auront chacun 15 minutes. Les groupes de moins de 35 députés auront 10 minutes et le député tiré au sort pour les non-inscrits disposera de 5 minutes.
- Ordre de passage annoncé (selon Politico) : Boris Vallaud (PS), Laurent Wauquiez (DR – LR), Cyrielle Chatelain (Écologistes), Marc Fesneau (MoDem), Laurent Marcangeli (Horizons et Indépendants), Laurent Panifous (LIOT), Stéphane Peu (GDR – communistes), Éric Ciotti (Union des droites), Marine Le Pen (RN), Gabriel Attal (Ensemble) et Mathilde Panot (LFI).
Le vote et ses suites
Une fois les prises de parole terminées, François Bayrou pourra s’exprimer encore depuis les bancs du gouvernement. Le vote se déroulera ensuite de façon traditionnelle : les députés (574 au total actuellement) déposeront un bulletin papier dans une urne installée dans une salle contiguë à l’hémicycle. En tenant compte des interventions et du dépouillement, le résultat n’est pas attendu avant 19h, et il pourrait tomber plus tard dans la soirée.
Selon les estimations publiées par Le Figaro, élaborées à partir de son simulateur de vote, environ 330 élus — allant de La France insoumise aux Écologistes, en passant par le RN, l’UDR, LR et le PS — devraient voter contre le gouvernement. En cas de rejet, la tradition et la pratique constitutionnelle imposent que le Premier ministre remette sa démission au chef de l’État, qui nommera ensuite un successeur à Matignon.
Contexte institutionnel et précédent
La demande de confiance après un discours de politique générale est peu fréquente : on compte 31 recours depuis 1958, et jusqu’ici les Premiers ministres qui l’avaient sollicitée avaient obtenu gain de cause. Les prédécesseurs récents de Bayrou, comme Élisabeth Borne, Michel Barnier ou Gabriel Attal, avaient évité cette option, consciente du risque que représente un vote des députés présents — qui suffit à renverser le gouvernement, contrairement à la motion de censure nécessitant la majorité absolue des députés siégeant.
Au Palais Bourbon, la lecture simultanée du discours au Sénat est une formalité : Élisabeth Borne assurera cette lecture sans vote associé. Dans l’entourage de l’Élysée, on affirme que le président souhaite agir rapidement en cas de démission afin d’éviter de longues consultations pour la désignation d’un nouveau chef de gouvernement.
Cette journée, qualifiée d’« inédite » par plusieurs observateurs, marquera en tout cas une étape majeure dans la rentrée parlementaire et dans la vie politique nationale.