Paris, 8 septembre 2025. Le premier ministre François Bayrou s’est soumis ce lundi à un vote de confiance à l’Assemblée nationale, une procédure rarissime qui, selon les éléments disponibles, devrait aboutir à la fin de son mandat à Matignon. La journée parlementaire, annoncée comme historique, suit un calendrier solennel et codifié : discours du chef du gouvernement, répliques des groupes, puis vote papier des députés.
Le déroulé de l’après-midi
Le discours de politique générale de François Bayrou était prévu à 15 heures. Le premier ministre, qui a clairement assumé ces derniers jours une campagne médiatique pour défendre son diagnostic — «la dette est un problème mortel, c’est moi ou le chaos», a-t-il répété— disposait sur le papier d’un temps illimité pour s’adresser aux députés.
Après son allocution, onze orateurs représentant les groupes parlementaires se succèderont à la tribune pour répondre et annoncer la ligne de vote de leurs groupes. L’ordre de passage, publié par plusieurs médias, comprend notamment :
- Boris Vallaud (PS)
- Laurent Wauquiez (Droite républicaine – LR)
- Cyrielle Chatelain (Écologistes)
- Marc Fesneau (MODEM)
- Laurent Marcangeli (Horizons et Indépendants)
- Laurent Panifous (LIOT)
- Stéphane Peu (GDR – communistes)
- Éric Ciotti (Union des droites)
- Marine Le Pen (RN)
- Gabriel Attal (Ensemble)
- Mathilde Panot (LFI)
Conformément aux règles de répartition du temps de parole, Gabriel Attal disposera d’environ 35 minutes au titre du groupe majoritaire Ensemble. Les groupes RN (123 députés), DR (49 députés) et MODEM (36 députés) auront chacun 15 minutes ; les groupes de moins de 35 députés 10 minutes ; et le député tiré au sort pour les non-inscrits (Philippe Bonnecarrère) disposera de cinq minutes.
Le vote et ses conséquences
Une fois les prises de parole achevées, les députés procéderont au vote par bulletin papier : chaque élu déposera son bulletin dans une urne installée dans une salle contiguë à l’hémicycle. L’Assemblée compte actuellement 574 députés inscrits pour cette procédure. Le dépouillement et la proclamation du résultat devraient intervenir en soirée : le verdict n’est pas attendu avant 19 heures, et pourrait être connu plus tard dans la nuit.
La procédure utilisée relève de l’article 49 alinéa 1 de la Constitution. Depuis 1958, 31 votes de confiance ont été sollicités au Palais Bourbon et, jusqu’à présent, tous avaient été remportés par les premiers ministres. Si le vote se solde par un rejet de confiance, François Bayrou serait, selon l’analyse des faits, le premier locataire de Matignon à être renversé à l’issue d’une telle démarche.
Les estimations disponibles, parmi lesquelles celles d’un simulateur de vote parlementaire, font état d’environ 330 députés —rassemblant LFI, Écologistes, RN, UDR, LR et PS selon la ventilation citée— prêts à voter contre le gouvernement. Dans ce cas de figure, Bayrou devrait remettre sa démission au président de la République dans la soirée. L’exécutif a indiqué vouloir agir rapidement pour nommer un successeur : Emmanuel Macron, selon son entourage, souhaite éviter de longues consultations. Pour mémoire, les précédentes consultations ont duré 51 jours pour Michel Barnier et 9 jours pour François Bayrou lors d’épisodes antérieurs.
Un rendez-vous historique
Au-delà du sort personnel du premier ministre, cette journée interroge la stabilité politique et la capacité des majorités à gouverner sans majorité absolue au Parlement. La lecture du discours au Sénat, purement protocolaire, sera assurée par Élisabeth Borne, sans procédure de vote au Palais du Luxembourg.
La séance de l’Assemblée se déroulera sous un fort intérêt médiatique : la combinaison d’un discours historique, des réponses des présidents de groupes et d’un vote à bulletin secret fait de cet après-midi un moment clé pour la vie politique française.
Faits rapportés : discours à 15h, onze orateurs de groupes, vote papier des 574 députés, résultat attendu en soirée, possible démission du premier ministre en cas de rejet, recours à l’article 49.1 de la Constitution.